ps chevilly larue

Une aventure humaine

lundi 26 octobre 2009 par B.TRANCHANT

L’économie sociale et solidaire s’efforce de concilier efficacité économique, démocratie et solidarité. Consubstantiel à la gauche, ce concept a émergé à la fin du dix-huitième siècle, avec l’associationnisme ouvrier, prémisse des organisations actuelles de l’économie sociale et solidaire. Explications…

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Méconnue par les uns, vilipendée par les autres, l’Économie sociale et solidaire (ESS) emploie près de 2 millions de salariés pour quatre fois plus de bénévoles. Tous animés par la volonté d’entreprendre autrement, en tentant de concilier efficacité économique, démocratie et solidarité.
Apparu il y un siècle et demi, ce concept a connu des variations au gré des auteurs et des époques. « La première coopérative de travail, plus connue sous le nom de « Bijoutiers en doré », a vu le jour en 1834, explique Denis Colongo , spécialiste du sujet. Elle fut suivie de près, un an plus tard, par le Commerce véridique et social, l’une des premières expérimentations de l’économie coopérative prônée par les fouriéristes, mais aussi un intéressant prolongement du mutuellisme, né à Lyon parmi les artisans de la Fabrique de soieries ».

Mutations

Plus généralement, c’est l’emprise du capitalisme, depuis la fin du dix-huitième siècle, qui provoque un renouvellement de ces pratiques, au travers de l’associationnisme ouvrier, prémisse des organisations actuelles de l’ESS. Laquelle prend appui sur des courants de pensée très diversifiés, du socialisme utopique au christianisme social, conciliant ainsi émancipation individuelle et intégration collective, tout en remédiant aux méfaits de la Révolution industrielle. Histoire, surtout, d’offrir aux ouvriers et autres paysans des conditions de vie décentes. « Dès lors, prévaut l’idée que l’outil de production est la propriété collective des employés coopérateurs, analyse Denis Colongo. Une partie des réserves accumulées par l’entreprise sont dites impartageables. Elles ne peuvent en aucun cas faire l’objet d’une appropriation individuelle ».
Les différentes formes d’ESS ont donc connu d’importantes transformations liées, pour l’essentiel, aux mutations du capitalisme. « Plusieurs courants philosophiques et politiques ont pris part à l’aventure, dont le socialisme utopique, constate Denis Colongo. Durant le dernier tiers du dix-neuvième siècle, les premières banques coopératives voient le jour, ainsi que la coopération agricole, en lien avec le christianisme sociale, pour les premières, et le syndicalisme, pour la seconde. « C’est surtout dans le mouvement de la coopération de production et de consommation que l’influence socialiste se fait le plus sentir », poursuit l’intéressé.

Transformations

Les efforts entrepris par Jean Jaurès et Charles Gide (1847-1932), militant de l’économie sociale, se révèlent à cet égard des plus précieux pour assurer la réunification du mouvement coopératif. Le second exerce un véritable magistère sur « l’École de Nîmes » dont les réflexions aboutissent, en 1885, à la création de la Fédération française des coopératives de consommation, sur le modèle déjà esquissé en Angleterre. Gide théorise les thèses de l’École de Nîmes dans son projet de « République coopérative », où il assigne à la « coopération de consommation » un rôle de « transformation sociale ».
Il faut attendre ensuite le dernier quart du vingtième siècle pour voir resurgir la référence à l’économie sociale. « Deux conceptions coexistent, note Denis Colongo. La première voit dans l’ESS un mouvement en lien direct avec les coopératives, les associations et les mutuelles. L’autre l’assimile à un groupement d’entreprises ». De nombreuses organisations émergent pour apporter une réponse à l’exclusion ou répondre à des besoins auxquels ni les pouvoirs publics, ni le marché n’apportent de réponse satisfaisante.
Toutefois, la notion trouve sa traduction la plus complète dans la loi du 20 juillet 1983 qui ouvre la voie à l’expression d’économie sociale. « La France fait œuvre de pionnière, déclare alors Jean Le Garrec, Secrétaire d’État auprès du Premier ministre. Dans aucun autre pays n’existe ce concept. Nous ouvrons une voie nouvelle qui constitue l’une des réponses à la formidable mutation des structures économiques et technologiques ». Un principe jamais démenti depuis.

Bruno Tranchant

Chronologie

- 1848 : plus de 10 000 associations et 400 sociétés de secours mutuel en France.
- 1840-1850 : journal L’Atelier, écrit « par des ouvriers pour des ouvriers ».
- 1895 : Fédération internationale de coopérative.
- Loi de 1901 : liberté associative.
- 1914-1918 : essor des coopératives de consommation.
- 1917 : constitution d’une dotation aux coopératives sur les redevances de la Banque de France.
- 1930 : loi sur les mutuelles.
- Années 1930 : créations de la Maif et de la GMF.
- 11 juin 1970 : Création du Comité national de liaison des activités mutualistes, coopératives et associatives.
- 1981 : Création de la Délégation interministérielle à l’économie sociale, maître d’œuvre de la loi du 20 juillet 1983.
- 20 juillet 1983 : loi constituant le fondement juridique de l’économie sociale.
- 12 juillet 1985 : loi portant création de l’Union d’économie sociale, seule forme d’entreprise qui reprend le terme économie sociale et qui permet de regrouper différentes structures coopératives ; mutualistes ; associatives.
- 2007 : création de l’Atelier - Centre de ressources régional de l’économie sociale et solidaire, ouvert au public en 2008.


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