ps chevilly larue

Saint-Simon, émancipateur de l’humanité

mardi 16 juin 2009

Né à Paris, en 1760, Saint-Simon est pour beaucoup le premier socialiste français de l’ère contemporaine. Économiste et philosophe, il compte parmi les pères fondateurs de la société industrielle. Beaucoup des thèmes qu’il sera amené à développer nourriront un mouvement idéologique qui le vénèrera longtemps après sa mort, en 1825.

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Un œil sur le passé, un autre sur l’avenir. Des hypothèses toujours plus ambitieuses, jamais répétitives. Ainsi va la vie de Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon (1760-1825), considéré pour beaucoup comme le pionnier du socialisme français de l’ère industrielle. Il entreprend d’abord, s’égard ensuite, s’enrichit enfin pour consacrer sa vie au mécénat.
Drôle de destin que celui de cet ancien officier de marine, parti aux États-Unis à la découverte de l’industrie naissante. Ce qui lui vaut de prédire le rôle croissant des « producteurs » et de passer, aux yeux de beaucoup, pour le père de la technocratie moderne. En 1814, il publie un premier ouvrage, De la réorganisation de la société européenne , en collaboration avec l’historien Augustin Thierry, avec lequel il se lie d’amitié. « Tout me dit que l’examen des grandes questions politiques sera le but des travaux de notre temps, y affirme-t-il. La philosophie du siècle dernier a été révolutionnaire ; celle du XIXe siècle doit être organisatrice ».

Encyclopédisme

L’âge d’or du genre humain est devant nous, renchérit-il, dans la perfection de l’ordre social. Convaincu de l’apport incontournable des sciences dans la politique et le socialisme, il a une foi inébranlable dans l’économie et la technique… « La société tout entière repose sur l’industrie, confie-t-il, en 1816-1818. L’industrie est la seule garantie de son existence, la source unique de toutes les richesses ». Libéral dans ses jeunes années, il voue un véritable culte dans le progressisme social. Rien là d’illogique pour ce disciple de d’Alembert qui consacrera une grande partie de son existence à transformer la société fondée sur l’exploitation.
« Son encyclopédisme sera celui de la « science de l’homme ». Encyclopédiste, politiste, économiste, humaniste, prophète, et Messie de l’ère industrielle qui s’annonce !, résume l’historien Ernest Labrousse. Tel nous apparaît Saint-Simon, à la jonction des deux siècles ». Précurseur du socialisme, il pointe l’exploitation d’une immense majorité de travailleurs par une faible minorité d’oisifs. Une élite de Lumières, constituée d’intellectuels et de professionnels, issus pour la plupart, du monde de l’entreprise, délivrera la société de tout asservissement, au seul profit de l’abondance et du travail.

Primat du savoir

Dans le monde nouveau, il n’y aura de place que pour les « abeilles », que pour les travailleurs de toutes catégories, ajoute-t-il. Si la disparition subite de la partie la plus éminente de la famille royale, ainsi que du haut personnel de l’État ou de l’Église, pèserait peu sur le pays, la perte brutale des élites techniques constituerait, à ses yeux, une catastrophe. « Dans le système « industriel » proposé par Saint-Simon, l’objectif est de produire plus que de gouverner, et aussi de gouverner au meilleur marché possible », poursuit Ernest Labrousse. Son objectif est d’améliorer le sort de ceux qui n’ont d’autres moyens d’existence que le travail et leurs bras. Le savoir est un produit direct du développement de la production. Saint-Simon imagine ainsi une société fondée sur les sciences, avec un système éducatif centralisé et obligatoire. La notion de bien public y est dominante, renforcée par une orientation bien choisie des investissements privés. Il pose ici les bases des thèmes essentiels de la doctrine socialiste internationale, que les XIXe et XXe siècles vont élaborer.

La priorité, c’est l’amélioration du sort des plus démunis. D’où ses attaques répétées contre le Vatican, ultime rempart des jésuites qui dominent la société. « L’enseignement que le clergé catholique donne aux laïcs de sa communion est vicieux, il ne dirige point leur conduite dans la voie du christianisme », argue-t-il. Avant d’accuser le pape de se conduire en « hérétique », peu soucieux du sort des indigents. Loin du modèle d’une société fondée sur le principe moral auquel il n’aura de cesse de se référer jusqu’à son dernier souffle.

Bruno Tranchant


À lire…

Bron Jean, Histoire du mouvement ouvrier français , Les Éditions ouvrières, Éditions sociales, 1968.
Castagnez-Ruggiu Noëlline, Histoire des idées socialistes , La Découverte, Repères, 1997.
Dommanget Maurice, Henri de Saint Simon , Les Grands éducateurs socialistes, Société Universitaire d’éditions et de librairie, 1953.
Dommanget Maurice, Les Idées politiques et sociales d’Auguste Blanqui , Bibliothèque des Sciences politiques sociales, Librairie Marcel Rivière et Cie, Paris, 1957.
Dommanget Maurice, L’Introduction du Marxisme en France , Rencontre, 1969.
Dommanget Maurice, Karl Marx et Frédéric Engels , Les Grands éducateurs socialistes, Éditions Sudel, 1951.
Grondeux Jérôme, Histoire des idées politiques en France au XIXe siècle , Repères, La Découverte, 1998.
Musso Pierre, Saint Simon et le saint-simonisme, PUF, Que sais-je ?, 1999.
Rappoport Charles, « Le début d’une ère communiste en France » , La Revue Communiste, janvier 1921.
Riot-Sarcey Michèle, Le Réel de l’utopie , Bibliothèque Albin Michel, Histoire, 1998.
Russ Jacqueline, Le Socialisme utopique français , Bordas, Pour Connaître, 1988.
Saint Simon, Nouveau Christianisme , Paris, Les Livres français.
Tartakowsky Danielle, Écoles et éditions communistes 1921-1933 , Thèse pour le doctorat de troisième cycle sous la direction de Claude Willard, Université de Paris VIII, 1977.


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