ps chevilly larue

Des jeunes socialistes au MJS : cent ans d’histoire

mardi 10 février 2009

De la création des premières sections à l’apparition du MJS, retour sur près d’un siècle d’histoire des mouvements de jeunesse socialistes. Avec, en toile de fond, l’épineuse question de leur autonomie par rapport à la direction du Parti.



Près d’un siècle d’histoire commune et le désir sans cesse réaffirmé de se retrouver aux avant-postes pour former un front uni contre les droites. Ainsi se décline l’histoire des jeunesses socialistes. Après la création, en 1905, de la SFIO, ses adhérents se retrouvent dans un journal, Le Conscrit, où l’antimilitarisme sert de fil conducteur à l’Affaire Dreyfus. Les jeunes y expriment leur désarroi, sans pour autant figurer officiellement dans l’organigramme du Parti. Ce n’est qu’en 1912, à la demande expresse de l’Internationale, qu’une section « Jeunes » regroupant étudiants et salariés voit enfin le jour. Leur credo - pacifisme et internationalisme - suscite bien des remous au sein de la SFIO qui s’inquiète de l’image que donnent ces trublions, emportés dans des mouvements antipatriotiques, à son électorat naissant.

Montée en puissance

Avec la Première Guerre, l’antimilitarisme prend du plomb dans l’aile. Les théoriciens pacifistes rejoignent le gouvernement d’Union sacrée contre l’Allemagne. Un an seulement après le déclenchement des hostilités, l’Union internationale des organisations socialistes de la jeunesse voit le jour. Mais la Révolution russe bouscule l’ordre établi. À l’heure où les militants de la SFIO s’étripent, les Jeunes socialistes épousent la cause bolchevique.
Au lendemain du conflit le plus meurtrier de l’histoire, les étudiants votent à l’unanimité l’adhésion à l’Internationale communiste, suivis par les Jeunesses, en octobre 1920, et le Parti à Tours. Joyeux temps des Faucons rouges et de la refonte, par quelques audacieux, de la section jeune de la SFIO, dont les principaux animateurs, Léopold Sédar Senghor, Claude Lévi-Strauss et… Georges Pompidou laisseront leur nom à la postérité.
En 1924, la Ligue d’action universitaire républicaine et socialiste (LAURS) voit le jour à l’instigation d’un étudiant en sciences, Paul Ostaya. Lequel est à l’origine, au début de la même année, d’un Comité d’action universitaire dont le but est de réagir aux menées de l’Action française au Quartier Latin. L’organisation voit ses effectifs gonfler rapidement. Au point qu’elle atteint bientôt le millier d’adhérents. Le travail de sape et le renouveau militant impulsé par Léon Blum et Paul Faure sont bénéfiques aux JS, même si la direction du Parti leur refuse l’autonomie. Elles n’en profitent pas moins de la vague d’adhésions qui suit la victoire du Front populaire. « La rencontre entre cette structure et les lois sociales de 1936 la transforme en un puissant mouvement », estime l’historien Jean-Marcel Bichat. Ses effectifs atteignent bientôt 50 000 personnes.

Autonomie

Mais, peu avant la guerre, l’organisation est dissoute pour réapparaître à la Libération, sous l’autorité de la SFIO. Elle prépare le congrès de 1946 avec les courants de gauche qui portent Guy Mollet à la tête du Parti. Ses membres s’élèvent alors contre la politique coloniale et la guerre en Indochine, au prix de désaccords avec le gouvernement présidé par Paul Ramadier. Le congrès de Montrouge, en 1947, est mouvementé et le bureau des JS composé, pour l’essentiel de trotskystes, est dissous après une manifestation réclamant la démission de Ramadier. Un nouveau mouvement voit le jour en 1949 sous la présidence de Daniel Ligou qui cède sa place, deux ans plus tard, à Pierre Mauroy, fondateur de la Fédération Léo-Lagrange. Les JS se tournent alors vers l’organisation de loisirs et se développent jusqu’au début de la guerre d’Algérie. Dans les pas de Michel Rocard, une majorité d’étudiants socialistes se retrouvent dans le courant minoritaire qui donne naissance, en 1958, au Parti socialiste autonome (PSA). « Pierre Mauroy quitte la direction des JS pour prendre la présidence des foyers Léo-Lagrange qui s’autonomisent par rapport au parti, analyse Jean-Marcel Bichat. Effet du baby boom de la Libération, c’est le milieu étudiant qui est devenu déterminant ». Absentes du mouvement de Mai 68, les JS rejoignent, après 1970, le CERES de Chevènement. Mais ils subissent les contrecoups de l’affrontement entre celui-ci et François Mitterrand, sur fond de polémique PS-PC. Dès lors, le Mouvement de la jeunesse socialiste (MJS) devient une courroie de transmission du PS, sous l’égide d’un Secrétaire national à la Jeunesse, désigné par le Premier secrétaire. Le début d’une autre époque…

Bruno Tranchant


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