« Aller plus loin dans l’accompagnement des jeunes »
mardi 3 novembre 2009 par B.TRANCHANT
À quelques mois des élections régionales, Antoine Détourné, président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), et Jean-Louis Bianco, placé à la tête d’un collectif en charge de l’élaboration du projet socialiste, reviennent sur les politiques conduites par les régions socialistes en direction des jeunes.
Quel bilan tirez-vous des politiques mises en œuvre par les régions socialistes en direction de la jeunesse ?
Antoine Détourné : Nos régions ont pris l’exact contre-pied de la droite qui délaisse le quotidien et sacrifie l’avenir. Elles s’efforcent d’accompagner les jeunes dans le domaine éducatif, en investissant massivement dans les lycées, le tissu associatif et les transports. Elles les aident enfin à affirmer pleinement leur autonomie.
Jean-Louis Bianco : Elles s’emploient à réparer, autant qu’elles le peuvent, les dégâts provoqués par la politique gouvernementale, tout en préparant l’avenir. Pour la jeunesse, bien sûr, mais aussi pour l’ensemble de nos concitoyens.
Ces politiques peuvent-elles servir de contrepoids aux mesures gouvernementales ?
J-L. B. : Oui. Le gouvernement supprime des postes dans l’Éducation nationale quand les régions modernisent les lycées et recrutent des TOS* pour assumer les responsabilités qui leur ont été transférées par l’État, sans les moyens qui vont avec.
A.D. : Globalement, on voit bien que les régions avancent et que le gouvernement fait le maximum pour réfréner leurs ardeurs. Elles montrent, par leur action auprès des jeunes, à quel point la droite est dépassée sur ces questions.
De quels leviers disposent-elles pour soutenir les jeunes dans leurs efforts de formation et d’enseignement supérieur ?
J-L. B. : Toutes les études montrent que les régions pilotées par des élus socialistes sont parfaitement gérées. La droite se livre donc à un mauvais procès en les accusant d’alourdir l’impôt. Ces hausses sont inéluctables en raison de transferts de charges non compensés. Sans compter qu’à ce jour, la Région qui a eu la main la plus lourde fiscalement est sans contestation possible l’Alsace, dirigée par l’UMP.
A.D. : Aux petits coups de pouce gouvernementaux à visée électoraliste, les régions opposent des politiques globales. Elles participent ainsi au financement de l’enseignement supérieur et mènent des actions ciblées en faveur de l’emploi. Lorsqu’elles investissent dans le domaine du transport ou du service public, elles favorisent la mobilité. Quand elles agissent pour la formation professionnelle, elles aident les demandeurs à s’insérer durablement dans la vie active.
L’expérience des emplois-tremplins vous paraît-elle concluante ?
A.D. : Oui, dans la mesure où de nombreux jeunes ont trouvé un stage à la hauteur de leurs attentes. Quand la droite laisse les 18-25 ans au bord de la route, les présidents de régions font le pari de la qualification, en misant sur un service public efficace et innovant.
J-L. B. : Ce n’est pas rien, compte tenu de l’état de désespoir dans lequel se trouvent de nombreuses familles. Je présenterai des propositions lors du Conseil national du 12 décembre, en prévision des élections. L’une d’elles devra porter sur la Sécurité sociale professionnelle, expérimentée dans nos régions, une autre sur le parcours emploi/formation qui figurera au rang des priorités de la prochaine mandature. Nous devons aller plus loin dans l’accompagnement des jeunes. En faire une priorité.
Quelles seront les principales composantes du projet que vous appelez de vos vœux ?
J-L. B. : C’est un peu tôt pour le dire. Ce qui est sûr, c’est qu’il nous faudra réaffirmer une ligne politique claire et des valeurs, en signalant haut et fort que nos régions préparent l’avenir, qu’elles se battent pour l’emploi, qu’elles se préoccupent de la jeunesse, qu’elles forment des territoires de solidarité et qu’elles défendent les services publics, en prenant part aux luttes menées par le mouvement social, les syndicats et les usagers contre la désertification du territoire.
Nous adopterons ensuite des mesures qui serviront de socle commun à nos régions. Elles formeront l’axe de notre projet.
La réforme territoriale ne risque-t-elle pas de fragiliser l’édifice régional ?
J-L. B. : Cette réforme est totalement démagogique. Sur 500 000 élus, une large majorité se compose de maires, d’adjoints et de conseillers municipaux qui ne perçoivent aucune indemnité. Sans compter que les 6 000 conseillers qui composent les assemblées régionales et départementales se situent en dessous de la moyenne européenne. Avec les conseillers territoriaux, le gouvernement crée donc un être hybride dont on ne sait au juste comment il pourra fonctionner.
A.D : Cette réforme témoigne d’une perception de la France vue de Neuilly-sur-Seine, méprisante pour nos territoires. Au-delà de cette tentative de manipulation électorale, la clause de compétences générales est clairement remise en cause. Celle-là même qui permet aux régions d’agir efficacement pour la santé, l’environnement ou les services publics, dans l’intérêt de nos concitoyens. Il s’agit d’une mise au pas inquiétante qu’il nous faudra combattre par la preuve et l’exemple.
Propos recueillis par Bruno Tranchant
* personnels techniciens, ouvriers et de services (TOS)
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