Rencontre avec ... Jean-Jacques URVOAS, député du Finistère et Secrétaire national en charge de la Sécurité
« Notre seule priorité doit être la recherche de l’efficacité dans le respect du droit »
mardi 2 juin 2009 par B.TRANCHANT
Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère et Secrétaire national en charge de la Sécurité, dresse un véritable réquisitoire contre la politique menée par Nicolas Sarkozy en matière de répression.
Que vous inspirent les dernières mesures présentées par le chef de l’État en matière de sécurité ?
C’est de la gesticulation ! Sur ces questions, comme sur d’autres, il éprouve une difficulté croissante, malgré son volontarisme de façade et ses mouvements de menton, à masquer son impuissance. Son intervention du 28 mai est d’ailleurs symptomatique. Ses équipes mobiles d’agents, par exemple, ne remplaceront jamais les forces de l’ordre, susceptibles d’être plus rapidement sur place en cas de problèmes dans un établissement scolaire. L’habilitation des personnels pour la fouille des cartables, de même, est une mauvaise idée. La communauté éducative ne l’a jamais réclamée et, en tout état de cause, ce n’est pas à elle de se substituer aux gendarmes et policiers !
La vie quotidienne est moins sûre pour nos concitoyens qu’elle ne l’était il y a sept ans. N’est-ce pas la preuve que la politique de fermeté menée par la droite n’a pas eu l’effet escompté ?
Vous avez entièrement raison. En sept ans, Nicolas Sarkozy a fait voter 14 lois, procéder à 116 modifications du code pénal. En dépit de cet activisme législatif confinant à l’intempérance, il ne s’en trouve pourtant pas moins désemparé face à l’inexorable montée en puissance des délits les plus graves. Songez ainsi que les « violences physiques non crapuleuses » ont crû de plus de 46 % depuis 2003, et qu’entre 2007 et 2008, les vols à main armée visant le petit commerce ont augmenté de 34 %, contre plus de 40 % pour ceux visant la grande distribution.
L’antienne répressive est-elle dépassée ?
Il faut s’entendre sur ce qu’on entend par « répression ». Si être répressif, c’est considérer que la Justice doit être saisie de tout acte délictueux et être en mesure de lui apporter une réponse effective et adéquate, alors j’en suis un partisan déterminé. Il ne doit pas y avoir d’infraction sans sanction. Si, en revanche, être répressif, c’est juger, comme le fait la droite, que le problème de la délinquance doit être appréhendé sous le seul angle de la sanction, alors je ne suis pas d’accord. Vous pouvez bien construire toutes les prisons que vous voulez et les remplir au fur et à mesure, vous n’instaurez pas pour autant une société exempte de tout crime. L’exemple américain est là pour le prouver.
La véritable politique de sécurité, démocratique et efficace, ne reste-t-elle pas à inventer ?
Notre seule priorité doit être la recherche de l’efficacité dans le respect du droit. La lutte contre la délinquance incombe d’abord à l’État et aux forces de sécurité. Elle suppose surtout de mobiliser de façon cohérente et efficace l’ensemble de la chaîne pénale. La sécurité, elle, suppose la mobilisation de toute la société et notamment de l’ensemble de la chaîne éducative, qui commence avec les parents, la famille, et mobilise l’école, les élus, les associations, sans oublier les médias. Notre démarche est donc globale : mieux punir, mieux prévenir.
Propos recueillis par Bruno Tranchant
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