« Le Forum des territoires, lieu d’expression politique »
jeudi 5 mars 2009
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Vous venez d’hériter de la co-présidence du Forum des territoires. Quels sont les rôles et missions assignés à cette organisation ?
Martine Aubry entend associer étroitement militants et élus au processus de rénovation engagé au lendemain du congrès. Ils ont en effet beaucoup à dire sur les évolutions en cours, la gestion de la crise et ses conséquences prévisibles. Ils connaissent surtout mieux que quiconque l’état réel du pays.
Ceci étant dit, il nous faut prendre en compte les besoins des Français dans toutes leurs composantes, à l’échelle des territoires. Les difficultés varient en effet au gré des situations individuelles. Selon que vous soyez à Morlaix, Lille ou Paris, les inégalités se manifestent différemment. L’égalité des territoires doit se traduire par une égalité de fait entre individus.
Quelles sont les priorités de ce Forum ?
Elles ont été définies par la Première secrétaire, dont l’objectif est de favoriser l’échange des bonnes pratiques. Le premier débat portera ainsi sur les discriminations, le second sur les liens entre collectivités. Avec, en filigrane, la gestion locale de la crise. Tout au long des travaux, nous nous efforcerons de stimuler les échanges pour mettre en relief les distinctions entre élus de gauche et de droite. L’idée d’un amalgame est en soi inimaginable.
Comment entendez-vous peser dans le bras de fer qui oppose le gouvernement et les exécutifs locaux, majoritairement acquis à la gauche ?
Le Forum doit permettre aux élus d’exprimer leurs points de vue sur les conséquences que font peser sur leurs collectivités les désengagements de l’État, le transfert de charges non compensé ou la fermeture des services publics… Il leur offre un espace privilégié pour affirmer leur différence et échanger leurs savoir-faire respectifs. À charge, pour eux, de démontrer que les socialistes ont une stratégie fondée sur des choix politiques clairs, en perspective de 2012.
À l’heure où ils consacrent 73 % de leurs dépenses à l’investissement public, nos élus en ont assez de s’entendre reprocher des dépenses prétendument non justifiées. Ils n’ont de leçon à recevoir de personne et sont déterminés à riposter aux attaques de la droite, en s’appuyant sur leurs propres acquis.
Quels moyens d’expression entendez-vous mettre en œuvre pour valoriser vos travaux ?
Nous avons prévu, pour commencer, de publier un Livre Vert sur les agendas 21, à partir des expériences menées sur le terrain par nos élus. D’ici la fin de l’année, une réunion de synthèse nous permettra, par ailleurs, de lister les sujets sur lesquels nous avons su faire preuve d’originalité pour contribuer à l’élaboration de notre futur projet. Ce qui nous permettra, dans la foulée, d’expliquer notre vision de l’acte III de la décentralisation.
Le Forum des territoires ne risque-t-il pas de faire double emploi avec la Fédération des élus socialistes et républicains (FNESR) ?
Nos statuts diffèrent. Contrairement au Forum, la FNESR s’ouvre ainsi à des élus qui ne sont pas nécessairement socialistes. Au-delà de ce constat, nous avons souhaité mettre la pression sur le gouvernement, en faisant valoir le point de vue de nos représentants locaux, après la présentation des recommandations du comité Balladur.
Pour le reste, croyez bien que nous serons attentifs à éviter toute espèce de doublonnage. Je ne doute d’ailleurs pas que nous trouverons une méthode de travail consensuelle avec la FNESR. Enfin, notre instance s’emploiera à travailler transversalement et dans la durée, en concertation avec les édiles, aux côtés d’Élisabeth Guigou, chargée de réfléchir à l’évolution de l’organisation territoriale, au titre de Secrétaire nationale. Notre Forum servira de lien entre les différentes composantes du Parti et des territoires.
Que vous inspirent les propositions formulées par le groupe de travail présidé par Édouard Balladur ?
Nous refusons d’en appeler à la décentralisation et à sa nécessaire évolution sans manifester notre attachement aux valeurs républicaines. Ce qui doit nous conduire à raisonner en termes de clarification des compétences, en distinguant ce qui relève de l’État et des collectivités. Quel est le bon service ? Qui finance quoi ? Dans quel(s) but(s) ?
Nous devrons également nous pencher sur les finances locales, la péréquation et le statut de l’élu, érigés en principes fondateurs de l’acte III de la décentralisation. Mais soyons clairs : à la posture tactique et politicienne du président, nous opposons une vision élaborée de l’organisation territoriale. L’action sociale et solidaire est pour nous essentielle. C’est ce qui nous différencie de la droite, réfugiée derrière le primat du tout économique.
Propos recueillis par Bruno Tranchant
Sur votre agenda…
- 18 mars, Conseil régional d’Île-de-France : Diversité et discriminations.
- 3 avril, Laval : forum décentralisé : Agir ensemble, statut de l’élu.
- Courant mai, Midi-Pyrénées : forum décentralisé : Livre vert des collectivités socialistes.
Une table ronde autour du Livre vert et une deuxième pour prendre en compte la dimension européenne avec des collectivités espagnoles.
- 18 Juillet, Avignon : forum décentralisé, en lien avec la FNESR : Culture.
- Septembre, Lyon ou Grenoble : forum décentralisé : Statut de l’élu, fiscalité
- Octobre, Île-de-France : forum consacré aux problématiques de la Région capitale.
SDRIF, Grand Paris, la Région capitale et son rapport à l’Europe et aux autres régions françaises
- Novembre, Metz ou Caen : forum décentralisé : Transports. Quelles politiques régionales mener ? L’imbrication des autorités organisatrices ? Les transports en commun, facteur de diminution des inégalités territoriales, mais aussi de ségrégation ou de relégation urbaine. Changer la ville avec les transports.
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