« Tourner la page ! »
jeudi 3 février 2011
Dans une interview sans concession, Pascal RIOUAL fustige les mesures engagées par le gouvernement dans le cadre de la réforme territoriale et fixe le cap en prévision de l’élection cantonale du mois prochain (20-27 mars).
Les propos du chef de l’État dans le Cher, confirmant sa volonté de faire des collectivités ses boucs émissaires et de réduire les services de proximité suscitent l’hydre des élus locaux. Partagez-vous ce sentiment ?
Absolument ! Les socialistes ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, en soulignant que les communes, départements et autres régions ont l’obligation légale de voter des budgets en équilibre. La vérité, c’est que leurs coûts d’investissement et de fonctionnement vont augmenter et que ce sont les contribuables qui vont devoir régler la note, comme c’est déjà le cas à Chevilly-Larue ! Sans compter que l’affaiblissement des capacités de financement induit par le gel des dotations publiques, trois années durant, ne sera pas sans conséquence sur la qualité des services rendus au public.
Le projet de loi de finances rectificative prévoit la création d’un Fonds exceptionnel de soutien en faveur des départements en difficulté, doté de 150 millions d’euros. Cette nouvelle n’est-elle pas de nature à vous rassurer ?
Non ! Cette mesure n’est pas à la hauteur de la situation financière des conseils généraux, lesquels doivent faire face à des dépenses sociales croissantes (13,4 milliards d’euros en 2010) qui les mettent en grande difficulté. Le Conseil général du Val-de-Marne n’échappe pas à la règle. D’où l’intérêt de tirer profit des élections cantonales pour offrir à l’exécutif départemental une majorité socialiste digne de ce nom pour stopper cette hémorragie financière et poser les bases d’un acte III de la décentralisation que nous réclamons de longue date.
Cela signifie-t-il que la réforme territoriale marque un recul de la décentralisation ?
Oui. Confuse et incohérente, elle est rejetée par une majorité d’élus, de gauche comme de droite. Sans compter qu’elle a été votée sans réel soutien du Sénat, avec des conséquences graves pour le fonctionnement des services publics locaux, pourtant utiles aux habitants du canton, dans sa globalité. Je rappelle que le Parti socialiste s’est engagé à abroger cette réforme, dès son retour aux responsabilités, en proposant à nos concitoyens une loi à la hauteur des enjeux de la décentralisation.
Un mot sur la campagne…
Nous montons tranquillement en puissance, en dépit de l’agitation et de la nervosité ambiantes. Aux tentatives de manipulations électorales, nous opposons un programme de modernisation, fondé sur la défense du territoire. Notre ambition est claire : privilégier la protection et l’épanouissement de la petite enfance, préparer l’avenir de la jeunesse, permettre aux habitants du canton de se loger à toutes les étapes de la vie, défendre le droit à la santé, construire un projet de vie pour chaque personne en situation de handicap, améliorer la vie quotidienne de nos aînés, donner corps au principe de solidarité active, adapter l’équipement des collèges à l’évolution numérique, favoriser l’égalité des chances par la culture, le sport et les loisirs, développer tous les modes de déplacement, contribuer à l’implantation de nouvelles activités créatrices d’emplois sur le canton, valoriser l’espace naturel, le paysage et les espaces publics, renforcer les services de proximité et la qualité de vie des chevillais et des rungissois au quotidien, décider et gouverner autrement, ensemble pour un développement durable digne de ce nom. Le tout, avec un objectif à la clé : tourner la page, en donnant au Parti socialiste les moyens de préparer l’avenir !
Propos recueillis par Francis Darfeuille