FAIRE GAGNER LA GAUCHE
dimanche 8 janvier 2017 par M.RIZKI
Dans ce contexte difficile, une extrême Droite dangereuse et de plus en plus puissante est en embuscade. Elle a fini par imposer dans notre pays, comme à d’autres époques, les thèmes du déclin, du ressentiment et du rejet des minorités, donc les germes du conflit et de la violence. Elle dissimule derrière un vernis social la haine de l’autre qui toujours l’anime, de l’autre mais toujours des plus faibles.
Une Droite dure voudrait prendre sa revanche. Elle associe au conservatisme culturel, un libéralisme exacerbé qui veut rogner les protections des plus fragiles et accroître les inégalités. Les Français se plaignent de ne pas avoir assez de professeurs, de policiers et de gendarmes, de personnels de justice, et ils proposent d’en supprimer des centaines de milliers. Les Français sont attachés à leur modèle social et à leur santé, qui est leur première préoccupation, et ils veulent dérembourser des soins. Les Français sont fiers de leur histoire qui a porté les valeurs des droits de l’homme et du citoyen partout dans le monde, comme de l’indépendance de leur diplomatie, et aux moments où à Alep les populations civiles vivent un désastre humanitaire, elle nous propose de compromettre nos valeurs avec ceux qui en sont responsables.
EXIGENCE ET VÉRITÉ
Entre ceux qui qui tirent sans nuances sur des gouvernements auxquels ils ont appartenu la veille et ceux qui n’ont cessé d’attiser les divisions par des provocations successives et des ruptures inacceptables avec notre socle de valeurs communes, il faut s’imposer une exigence de clarté, de raison, et de justice.
C’est la condition de la crédibilité. C’est le socle pour bâtir une nouvelle espérance.
Nous sommes les héritiers d’une longue et grande histoire qui a permis à la Gauche d’apporter à la France de grandes réformes : suffrage universel, retraites ouvrières, école gratuite, obligatoire, laïque, assurance contre les accidents du travail, assurance maladie, liberté des associations, séparation des Eglises et de l’Etat, parité, non cumul, congés payés, semaine de quarante heures, de trente-neuf puis de trente-cinq, couverture maladie universelle…
Cette histoire nous fait honneur et elle est le patrimoine de tous les Français. Il nous faut être à sa hauteur.
C’est dans un contexte difficile marqué par un déficit considérable menaçant notre crédibilité européenne et nous mettant à la merci des marchés que la gauche a du gouverner après la victoire de 2012. Il fallait rétablir les comptes publics et les comptes sociaux, redonner à notre économie réelle une compétitivité qu’elle avait perdu.
Cela a été fait. Le déficit public a été réduit de 100 milliards à 60 milliards, les comptes sociaux ont vu leurs déficits divisés par deux, les entreprises ont retrouvé des marges. Cela a été fait sans abîmer notre modèle social et même en lui permettant de nouvelles avancées.
Après des années de destruction d’emplois et d’affaiblissement des services publics, la gauche a permis des recrutements dans la fonction publique, professeurs, policiers, gendarmes, de préserver notre modèle social et même la conquête de nouveaux droits : remboursement de la contraception pour les mineures, remboursement de l’IVG, augmentation de la garantie jeunes, droit de partir à la retraite pour ceux qui ont commencé à travailler tôt, le mariage pour tous… L’augmentation des bourses étudiantes, l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire, l’encadrement des loyers, l’amélioration des carrières des enseignants, en particulier des professeurs des écoles primaires, des moyens nouveaux pour l’éducation prioritaire, la pérennisation des emplois d’auxiliaire de vie scolaire ont été réalisés.
Il faut en être fier. Nous n’avons pas à rougir de ce bilan et nous ne construirons pas davantage sur le dénigrement de nous-mêmes que sur nos divisions.
Quand on mesure ce que préconise la Droite, quand on regarde ce qui s’est passé dans les autres grands pays européens, on doit mesurer le caractère exceptionnel de cette politique.
La France a également permis d’assurer le maintien de la Grèce dans l’Europe et de lutter, en responsabilité, contre les menaces terroristes au Mali et à l’extérieur de nos frontières. La France a su aussi réussir la grande conférence de la COP 21. Elle a été exemplaire dans la dignité et la cohésion lorsqu’elle a été atteinte par les attentats terroristes qui ont tué lâchement sur notre territoire national des innocents.
L’action conduite doit donc être défendue. Il n’y aurait pas de plus beau cadeau fait à nos adversaires que de critiquer nous-mêmes notre action.
Cela n’interdit pas la lucidité ou des regrets, et doivent servir à éclairer l’avenir.
La stratégie politique. Cela a été une erreur de ne pas savoir accueillir les démocrates de François Bayrou, qui pourtant avait fait son choix dans la clarté et appelé à voter pour François Hollande. Nous n’avons pas su non plus associer la Gauche, et nous avons perdu les écologistes. Le Gouvernement s’est appuyé sur une base de plus en plus étroite au sein même du Parti socialiste dont des sensibilités entières ont été exclues. Enfin , dans la préparation de la loi travail, c’est une faute de ne pas avoir su associer suffisamment en amont les partenaires sociaux et d’avoir brutalisé le Parlement par l’utilisation du 49.3.
La bataille idéologique. A l’étroitesse de cette base politique, s’est ajouté le fait de ne pas avoir su imposer nos thèmes et les grands engagements de notre action – école, social, industrie, consommation, logement, jeunesse. Nous nous sommes trop laissés entraîner sur le terrain de nos adversaires : de la question des Roms à une conception identitaire de la laïcité, du soutien à des arrêtés sur le Burkini ou à des propos tenus à l’étranger contre ceux qui faisaient preuve de générosité à l’égard des réfugiés.
Des erreurs de fond. On peut regretter de n’avoir pas su exiger des contreparties dans le cadre du pacte de responsabilité aux entreprises, d’avoir sous-estimé l’appréhension de la hausse de la fiscalité pesant sur les ménages les plus modestes et les classes moyennes. Nous avons eu tort de reculer sur l’écotaxe. Il a été malheureux de se fourvoyer, par rapport aux principes fondamentaux de la citoyenneté républicaine, dans le débat sur la déchéance de la nationalité.
C’est dans ce contexte et à partir de ce bilan que nous devons proposer un espoir et un chemin aux français.
Nous devons unir le sens des responsabilités et la culture du Gouvernement avec la passion de la transformation sociale et l’indignation devant les injustices du monde et de la société.