Des élus au chevet de la Palestine
vendredi 16 janvier 2009 par B.TRANCHANT
Les élus multiplient les initiatives pour secourir les victimes civiles de la guerre en Palestine et faire fonctionner les services publics de base à destination de la population. Témoignages…
Parer au plus pressé. En attendant la grande initiative internationale que les élus appellent de leurs vœux, les exécutifs locaux se dépensent sans compter pour venir en aide aux populations palestiniennes sinistrées. L’idée est venue de Claude Nicolet, président du Réseau de coopération décentralisée pour la Palestine (RCDP) et conseiller à la Communauté urbaine de Dunkerque (CUB), qui a lancé un appel pressant aux collectivités, en les enjoignant de s’associer à cette initiative et de multiplier les jumelages, en signe de solidarité.
Jumelage
Suite à une réunion organisée en juillet 2006, le RCDP et Cités Unies France, en concertation avec l’APLA, l’Association des pouvoirs locaux palestiniens, lançaient un appel commun au don pour la création d’un fonds de solidarité et d’aide humanitaire. Histoire de faire face à la situation dans laquelle se retrouvent les populations locales et d’assurer la « continuité de certains services publics fondamentaux », selon les propres termes de Charles Josselin, sénateur des Côtes d’Armor, vice-président du Haut Conseil de la coopération internationale et président de Cités Unies France. « Notre représentation permanente en Palestine se charge d’évaluer au quotidien les besoins des collectivités dans le cadre de champs d’intervention préalablement retenus, en partenariat avec l’APLA », ajoute l’ancien ministre qui souhaite se rendre sur place pour assurer les populations sinistrées du soutien des élus. « Des liens existent depuis longtemps déjà entre villes françaises et palestiniennes, renchérit Claudy Lebreton, président de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR). La question est de savoir ce que nous pouvons faire dans l’urgence. Et, surtout, comment acheminer des biens. L’essentiel, c’est d’activer les réseaux et de prendre part aux efforts de reconstruction qui suivront le conflit ».
Déjà jumelée à Safed, en Israël, la ville de Lille s’est employée à nouer des liens avec Naplouse, peu de temps après les accords d’Oslo (1993). Cette politique s’est traduite par un jumelage, en juin 1998, et la volonté de développer des relations tripartites entre la capitale des Flandres, Safed et la municipalité palestinienne. L’an passé, le conseil municipal a ainsi autorisé le versement d’une cotisation de 7 500 € au RCDP.
Aide humanitaire
Plongée dans le trouble, Naplouse doit faire face à une grave détérioration économique et sociale. Les actions de coopération se révèlent donc particulièrement utiles pour venir en aide aux civils. Dernier témoignage en date : l’envoi, sur place, de l’ONG « Help Doctors ». Dépêché à Gaza par les Communautés urbaines de Lille et de Dunkerque, le Docteur Régis Garrigue contient difficilement son émotion : « Il n’existe aucune trêve humanitaire, aucun corridor, déplore-t-il. Nous sommes rentrés en Palestine par l’Egypte, avec l’aide de l’Ambassade de France au Caire. Et depuis notre arrivée, nous avons évité de justesse deux bombes. Les hôpitaux sont visés et aucune protection des humanitaires n’a été prévue ». Dans l’urgence, les représentants de la majorité municipale ont procédé à la création d’un réseau de villes jumelées pour soutenir Naplouse. Et prévenu l’opinion de l’arrivée imminente d’« un représentant permanent lillois » dans la ville jumelée. Au même moment, Claude Nicolet annonçait le lancement, auprès des collectivités, d’un fonds d’urgence. « En 2006, une initiative similaire nous a permis de récolter 200 000 € au profit de la Palestine, souligne le patron du RCDP. Nous reconduisons la même opération cette année, parallèlement à une campagne de jumelage à Gaza et en Cisjordanie. Nous nous apprêtons également à interpeller l’Union européenne pour connaître ses intentions vis-à-vis d’Israël. Enfin, nous demandons aux communes qui disposent d’équipements hospitaliers de prévoir des lits pour les blessés palestiniens ». La ville de Paris déploie elle aussi d’importants efforts à destination des sinistrés. Début février, le Conseil municipal doit d’ailleurs délibérer sur une ligne de crédits d’urgence, dans une fourchette de 100 000 à 200 000 €. « Ces subventions seront fléchées d’un bout à l’autre de la chaine, en ciblant très précisément les projets, prévient toutefois un proche du maire. Elles devraient être reversées à l’ONG Médecins du Monde, déjà présente en Palestine ».
Collectes
La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) s’appuie, quant à elle, sur un Comité de solidarité chargé d’intervenir dans les grandes occasions. Sous l’autorité de Michel Vauzelle, il a débloqué 100 000 €, répartis à part égale entre le Programme alimentaire mondial (PAN) et le tissu associatif, pour secourir les victimes. « Nous avons également organisé une collecte, avec le soutien de la Croix-Rouge, qui nous a permis de recueillir 70 palettes de matériel médical d’urgence, expédiées en Palestine par avion, se félicite le chef de file de l’exécutif. Ce comité de pilotage nous offre enfin l’opportunité de délivrer un message politique fort pour éviter que le conflit ne s’importe sur notre territoire ».
Depuis un an, la commune de Rezé, en Loire-Atlantique, coopère activement avec son homologue palestinienne d’Abu Dis. Début novembre, une délégation s’est rendue sur place pour évaluer les besoins. C’était avant l’intervention israélienne. « Notre rôle est d’abord de faire connaître la situation des Palestiniens », résume le maire, Gilles Retière. Lequel envisage de traduire les textes se référant à la Palestine, rédigés pour l’essentiel en anglais, afin d’informer la population. Et de coopérer dans différents domaines : développement des services publics, accueil d’étudiants palestiniens - cinq vivent actuellement à Rezé -, échanges entre universitaires, plan d’aménagement urbain, construction d’un centre dédié à la musique… « L’essentiel est de promouvoir les fondements culturels de la Palestine… Garder sa culture pour ne pas être vaincu », conclut l’élu.
Bruno Tranchant
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