Le SDRIF, entre modernité et solidarité
vendredi 14 novembre 2008 par B.TRANCHANT
Le pari était audacieux. Et le défi particulièrement difficile à relever. En adoptant, le 25 septembre dernier, le Schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF), Jean-Paul Huchon et l’exécutif francilien ont fixé le cap. Avec l’ambition de rééquilibrer le territoire au profit d’une plus grande justice et de consolider le dynamisme économique.
En l’état, le SDRIF prévoit la création de 700 000 emplois et de grands pôles d’activité, à l’horizon 2030, la construction de 60 000 logements par an, ainsi qu’un effort sans précédent dans le domaine des transports collectifs. Il entend surtout « traduire une véritable ambition politique et inventer un nouveau modèle métropolitain », selon les propres termes de Jean-Paul Huchon.
Attractivité
« Les enjeux sont considérables, prévient le patron du Conseil régional, puisqu’il s’agit, d’une part, de la place de la région parisienne en Europe, dans un contexte de vive compétition entre les grandes métropoles, mais aussi de l’amélioration des conditions de vie des Franciliens, dans une réelle optique de développement durable. » Avec, dans le viseur, la montée en puissance du pôle aéroportuaire Paris-Charles-de-Gaulle et du projet CDG Express, le renouveau du quartier d’affaires de la Défense, l’extension d’un pôle scientifique « de niveau mondial » autour du plateau de Saclay, les opérations d’intérêt national d’Orly-Rungis Seine Amont et de Seine Aval, ou bien encore la poursuite du développement de la Plaine de France.
« Nous sommes convaincus que le progrès est une alliance durable et équilibrée entre la justice territoriale et sociale et l’attractivité économique, résume Jean-Paul Planchou, président du groupe socialiste à la Région. Ce schéma marque ainsi la consolidation et la valorisation de nos atouts, comme la qualité des infrastructures, la vitalité des entreprises et la qualité de notre main-d’œuvre. Mais le SDRIF se propose de faire mieux encore, en accentuant notre attractivité, en créant les conditions afin que l’emploi reste en Île-de-France, en modernisant les locaux d’activité et en améliorant l’accessibilité des zones de travail ». Manière, pour l’intéressé, de répondre aux accusations de la droite qui juge ce schéma trop écologiste et insuffisamment ambitieux en matière de compétitivité.
Bras de fer
L’attractivité du territoire dépendra également de la capacité de l’exécutif à attirer un public en phase avec ses besoins de développement. Il lui faudra pour cela atteindre l’objectif de production courante de 60 000 logements par an qu’il s’est fixé pour permettre aux quelque 343 000 acteurs qui en ont fait la demande de trouver un toit. À défaut, une part croissante de la population francilienne, principalement les classes moyennes et modestes, se verra contrainte de résider dans les régions limitrophes, accentuant ainsi les phénomènes de périurbanisation.
Reste un obstacle de taille : l’hostilité du gouvernement au schéma et la désignation, par le chef de l’État, d’un secrétaire d’État à la région capitale, Christian Blanc. Lequel s’est engagé à présenter sous peu une première ébauche de son projet qui concernera notamment les zones de Poissy et de Saclay. Avec, en toile de fond, un bras de fer entre l’actuelle majorité et le tandem Sarkozy-Blanc et deux visions radicalement différentes de l’avenir du territoire.
Bruno Tranchant
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