Conseil national du 9 juin 2009
Intervention de Martine AUBRY
(Seul le prononcé fait foi)
mercredi 10 juin 2009 par S.TRANCHANT
Chers Camarades,
Notre Parti a subi dimanche une importante défaite électorale. Nous devons en comprendre les causes et en tirer toutes les conséquences.
Je veux tout d’abord remercier tous les militants qui n’ont jamais baissé les bras dans une campagne qui n’était pas facile.
Je veux aussi féliciter nos camarades qui ont été élus dimanche. Ils sont moins nombreux que lors du mandat précédent.
Alors je leur dis, je leur demande : battez-vous deux fois plus.
Défendez au parlement les idées et les propositions que nous avons portées.
Soyez à la hauteur des espérances que nos électeurs ont placées en nous.
Soyez à l’écoute du peuple silencieux de dimanche dernier qui a aussi besoin de nous.
Je veux aussi penser à ceux qui n’ont pas été élus dimanche. Ils ont bien sûr tout mon soutien et mon amitié même si cela je le sais ne les consolera pas.
Oui, chers camarades, je le disais, nous avons le devoir de regarder en face la signification des résultats du scrutin de dimanche. Nous devons le faire avec lucidité et sang froid.
Rien ne servirait de minimiser l’ampleur de notre défaite en se référant à d’autres périodes plus douloureuses de notre histoire.
Rien ne servirait d’en relativiser l’importance. Bien sûr, la roue tourne, on le sait, l’UMP a perdu les élections européennes de 1999 et 2004, cela ne l’a pas empêchée d’être victorieuse en 2002 et 2007. Mais pour cela, il faut savoir rebondir.
Non, rien ne servirait de chercher ailleurs qu’en nous-mêmes. Bien sûr des événements particulier on joué : la crise a disparu des écrans de TV la semaine dernière, on a parlé crash de l’Airbus A330, on a parlé Obama, on a parlé du film Home- nous traversons une crise profonde. Oui, nous avons un devoir d’analyser les vraies raisons de l’échec -mais je crois que nous les connaissons, nous les devinions, nous les vivions- et de réagir immédiatement pour entraîner un sursaut collectif.
1) Crise de la construction européenne, tout d’abord.
Dimanche, les français se sont massivement abstenus. Moins de 15% ont voté pour la liste arrivée en tête. 26 millions de Français ne se sont pas rendus aux urnes.
Et l’analyse des causes de l’abstention est éclairante : les deux tiers des Français des abstentionnistes ont pensé que leur vote ne servirait à rien (31% ont pensé que leur vote n’aurait pas d’impact sur leur vie quotidienne, 20% sur la France, 14% sur l’Europe).
Les Français se sont détournés de l’Europe.
Chacun doit en assumer sa part de responsabilité :
- responsabilité collective des politiques tous bords confondus, qui n’ont pas su montrer la force du message européen, de l’idéal qu’il représente et cela depuis des années ;
- responsabilité de la droite qui a porté le libéralisme en Europe avec les conséquences que l’on connaît : dérégulation, financiarisation qui installe la loi du plus fort et le développement des injustices, associés à une très grande inefficacité économique. L’Europe éloigne les peuples quand elle s’éloigne des peuples.
Et puis, nous sommes face à une droite démagogique, qui n’hésite pas à tenir un discours opposé à ses actes. Contrairement à Angela Merkel, Silvio Berlusconi, et David Cameron, Nicolas Sarkozy camoufle ses intentions et cache le projet commun qu’il partage avec le PPE. Alors que la poursuite de la libéralisation, c’est-à-dire de la privatisation des services publics est en première ligne de ses projets, avec la flexibilisation accrue du marché du travail, il a l’indécence de nous parler de « l’Europe qui protège ».
Nous sommes aussi face à une droite populiste, qui n’hésité pas à jouer sur la corde de la xénophobie pour détourner le scrutin de ses vrais enjeux.
Nous sommes face à une droite dure qui n’hésite pas à utiliser tous les moyens possibles pour arriver à ses fins, y compris le contrôle des médias et l’abaissement des contre-pouvoirs.
Tout cela, on peut le regretter, mais cela ne servirait à rien. Nous devons le combattre, mais aussi parvenir à nous faire entendre malgré cela, et à faire comprendre à nos concitoyens les vrais enjeux et les vrais choix qui s’offrent à eux.
2) Crise de la sociale démocratie, ensuite.
Oui, tout cela est réel et a eu de lourdes conséquences.
Mais levons-le nez du guidon aussi, chers camarades.
La défaite de dimanche, ce n’est pas seulement la nôtre, c’est celle de la sociale démocratie toute entière.
Avec 160 députés, notre groupe au Parlement européen a perdu 55 députés et se retrouve désormais très loin derrière le PPE.
Les socialistes et les sociaux démocrates sont en recul partout. Ce recul touche autant les sociaux démocrates que les socialistes, les partis dans l’opposition comme ceux au gouvernement :
- au Royaume-Uni, le labour recule de neuf points par rapport aux dernières élections.
- en Allemagne, le SPD obtient son plus mauvais résultat à une élection depuis la seconde guerre mondiale.
- en Espagne, le PSOE de Jose Luis Zapatero est largement distancé par le Parti populaire de Mario Rajoy.
Même chose en Italie, en Pologne, au Portugal, en Bulgarie, en Slovénie, à Chypre.
Aux Pays-Bas, en Autriche, en Finlande et en Hongrie, on assiste en outre à une forte poussée de l’extrême droite.
Cela ne minimise pas l’ampleur des résultats français, mais cela les inscrit dans un mouvement d’ensemble.
Le monde et l’Europe connaissent une crise économique majeure, qui traduit la faillite du système économique libéral, système défendu par la droite conservatrice et libérale. Et pourtant, faute d’expression de ceux qui souffrent de cette crise, la droite sort confirmée voire confortée, même si en France le total des voix de droite arrive derrière le total des voix de gauche.
Nous sommes tous responsables, mais ceux qui ont égaré la sociale démocratie en faiblissant sur nos valeurs ont brouillé le message. Disons-le aussi, nous n’avons pas fait l’effort intellectuel et politique nécessaire pour apporter les réponses d’aujourd’hui à la nouvelle situation du monde. J’y reviendrai.
3) Crise de notre Parti, enfin.
Et notre Parti, et cela ne date pas d’hier, n’a pas renouvelé ses pratiques et ses comportements ce qui le rend non crédible et inaudible pour le plus grand nombre.
Je veux le dire franchement, il faut aller jusqu’au bout et comprendre pourquoi les français n’ont pas envie de nous soutenir.
C’est une question d’image, d’affichage de nos divisions, mais pas seulement.
Ce sont nos pratiques internes, notre fonctionnement, qui sont en cause aujourd’hui comme hier déjà. Nous sommes tournés vers nous-mêmes, arc-boutés sur nos positions, nous avons perdu l’envie de travailler ensemble, et ce qui apparait nationalement est aussi là de la même manière sur le plan local.
On pourrait disserter ce soir pendant des heures sur notre campagne.
Chacun s’est d’ailleurs exprimé, y compris pendant la campagne, sur des terrains souvent opposés. A-t-on trop dénoncé ou pas assez, a-t-on été trop européens ou pas assez, ou trop tardivement ?
Ces débats nous les aurons, mais soyons sûrs d’une chose, c’est aujourd’hui l’émetteur qui est en cause. Si nous ne sommes pas capables d’accepter cette réalité dure, nous continuerons une lente désagrégation qui nous emportera tous.
Oui, ce débat nous l’aurons. Mais je crois sincèrement que nous n’avons pas le temps aujourd’hui de nous diviser sur des querelles secondaires.
Nous avons l’obligation d’aller ensemble à l’essentiel.
Notre prochain rendez-vous, c’est celui des régionales. Je le dis simplement, si certains ont l’intention de se replier sur leur terrain, en espérant ainsi se démarquer de notre Parti, ils se trompent. Certes, tel ou tel pourra sauver son siège au regard de ce qu’il a apporté à la population, mais soyons en sûrs, à moyen terme, tout cela ne sera que vain, si notre Parti n’est pas à la hauteur des enjeux.
Aussi, c’est à une profonde refondation de notre parti que j’appelle, refondation des idées, refondation à gauche, mais aussi profonde refondation de nos pratiques, de nos démarches personnelles et collectives. Ce sont trois refondations qui doivent répondre aux trois crises que je viens de rappeler.
Oui, je vous le dis, chers camarades, nous ne sortirons pas de cette situation par quelques replâtrages, par je ne sais quel recentrage ou réorientation ou par quelques artifices de communication. La ligne politique a été définie par les militants lors de notre Congrès, elle doit être suivie.
Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, je vous le dis très solennellement, c’est d’un véritable sursaut de nature à refonder profondément notre Parti.
C’est un état d’esprit.
C’est une conviction profonde.
Je vous ferai ce soir quelques propositions, nous en débattrons dans les jours qui viennent.
1) La refondation de nos idées
Je l’ai dit, la crise de la sociale démocratie européenne appelle avant tout une refondation de nos réponses. Nous avons pris du retard sur la réflexion stratégique et programmatique.
Ce ne sont pas nos valeurs qui sont en cause. Elles n’ont jamais été d’autant d’actualité. Je reste convaincue que les Français, comme les Européens, préfèrent porter un modèle qui les grandit, un modèle qui les unit de manière ouverte et fraternelle plutôt qu’un modèle qui les divise et les replie sur eux-mêmes.
Paradoxalement, la crise nous aide à nous retrouver sur une ligne politique.
Nous ne voulons pas d’une société du court terme et de l’argent roi ; nous voulons une société portée par d’autres valeurs et qui prépare l’avenir.
Nous ne voulons pas d’une société de la loi du plus fort et de la débrouille ; nous voulons d’une société qui retrouve sa force dans ce que les hommes et les femmes ont de commun, et dans l’empathie pour les autres.
La vraie question, me semble-t-il, est d’inventer les réponses d’aujourd’hui à la crise de nos sociétés, réponses que nous sommes d’ailleurs capables de porter souvent dans nos collectivités locales, mais que nous n’arrivons pas à porter dans un projet collectif.
En d’autres termes, c’est en portant haut les valeurs qui sont les nôtres que nous trouverons l’issue, mais en étant capables de les revisiter.
De les revisiter à l’aune des changements profonds de notre société.
De les revisiter à l’aune de la volonté de chaque individu d’être pris en compte dans ce qu’il est, dans ses aspirations, mais aussi de notre capacité à construire un collectif dans lequel il se retrouve.
Mais aussi en trouvant les réponses d’aujourd’hui, qui articulent l’économique et le social, les libertés et les sécurités, la maîtrise du présent et la préparation de l’avenir.
Voilà, l’enjeu de cette refondation des idées.
Mais, je vous le dis, si nous voulons construire un nouveau projet de société dans lequel les français se retrouvent, nous avons le devoir d’innover dans la manière de le penser.
L’attente est là. La volonté est présente. Nous devons être à ce rendez-vous, qui réclame un puissant effort collectif d’imagination politique, et un changement radical de méthode. On n’élabore pas, on n’écrit plus un projet dans le huit-clos d’un parti, en circuit fermé.
Bâtir un projet de société, c’est mettre en débat les questions qui se posent à nous. C’est le faire bien sûr avec notre cœur, avec la mémoire de nos luttes sociales, féministes, écologistes et avec la sincérité de nos valeurs de socialistes, à l’écoute de ce que nous disent les français. P Pour notre parti, il y a urgence et obligation à entendre ce qui vient de toutes parts, non pas depuis hier, mais depuis trop longtemps. Les Français veulent être écoutés, et ils considèrent que les grands partis ne les écoutent plus. Les Français attendent du Parti socialiste un projet crédible, inscrit dans les valeurs de la gauche et adapté aux temps nouveaux. Ils sont lucides sur la panne que connait la France, mais ils ne nous font pas encore confiance pour conduire l’alternance.
L es attentes des français…. (développement fait oralement)
C’est pourquoi nous écrirons ce projet de société en donnant à chaque étape la parole aux Français. Nous en débattrons, étape après étape, avec vous et avec eux et avec les intellectuels, les hommes et les femmes engagées dans la société qui nous ont rejoints notamment dans le Laboratoire des idées.
J’en suis convaincue, c’est par un dialogue fécond entre les Français qui disent leurs difficultés et leurs attentes, les experts qui sont là pour les analyser et tracer chacun dans leur domaine les chemins du possible, et les politiques que nous réussirons.
Nous nous sommes déjà mis au travail en ce sens depuis plusieurs mois. Avec la création et la mise en route du Laboratoire des idées. Un premier travail a été fait également auprès des français pour mettre en exergue non pas leurs attentes à court terme, mais leurs aspirations les plus fondamentales à partir desquels nous devons je le crois déterminer les modes d’entrée, innovants, dans notre projet. Nous en débattrons le 7 juillet avec l’ensemble des membres du Bureau et du Secrétariat National.
Mais surtout, après ce cadre de juillet, je veux que nous engagions une démarche hors-les-murs de Solférino, innovante, enthousiaste et féconde. Nous irons, dans chaque fédération, avec les militants, et je le souhaite, ceux des autres partis de gauche, à la rencontre des Français. Nous devons nous démultiplier. Je proposerai à une vingtaine de parlementaires, mais aussi à des maires, des adjoints et vice présidents d’exécutifs locaux, de devenir les ambassadeurs du projet.
A chacune de ces étapes, notre projet s’enrichira des propositions des Français, s’approfondira par le dialogue avec des citoyens volontaires. Il se nourrira de l’expérience vécue et réussie des « innovateurs du quotidien », qui transforment notre société là où ils sont, dans des associations et des entreprises, des hôpitaux ou des écoles.
Nous devrons aussi donner la possibilité aux Français qui le souhaitent de devenir à leur tour des ambassadeurs de ce projet. Ainsi, sur tout le territoire, nous nous déploierons, démultipliant cette démarche, irrigant le pays et le Parti.
2) La refondation de la gauche
Aujourd’hui, faces aux grandes questions auxquelles nous avons à répondre, il faut une nouvelle démarche de rassemblement à gauche. Rassemblement des Partis politiques de gauche, mais aussi rassemblement de ceux qui, portant des valeurs démocrates et d’humanisme, je le sais, aspirent à nous retrouver.
Car je vous le dis, il n’y aura pas de victoire à gauche sans une gauche solidaire et unie. Ce scrutin est là pour nous le rappeler, une fois de plus malheureusement. Le total des voix de gauche est comparable à celui de 2004, mais nous avons un quart de sièges en moins. L’appel au vote efficace est nécessaire, nous l’avons fait, mais peu efficace, si je puis dire. En 2004, c’est le traumatisme du 21 avril 2002, encore tout proche, qui était venu à notre secours. Mais cela ne s’est jamais reproduit, ni à l’élection présidentielle, ni aux législatives qui ont suivi, pas plus qu’aux municipales de 2008. Alors, oui, tantôt c’est la gauche radicale qui fait un bon score ; en 1994, c’était le PRG avec Bernard Tapie ; puis les socialistes qui « prennent leur revanche » comme en 2004.
Dimanche, c’est la personnalité de Daniel Cohn-Bendit qui a séduit une partie de notre électorat par son image d’européen convaincu et de combattant de l’écologie. Et je dirai que cette fois-ci au moins, c’est une cause juste, cause que nous avons fait nôtre depuis quelques années.
Mais, pendant que nous nous mesurons entre nous, c’est malheureusement la droite qui rit et qui prospère et c’est le libéralisme qui prospère. Et je veux le dire à Dany, avec toute la sympathie qui est la nôtre pour lui et pour les hommes et les femmes qui composent son attelage et je sais qu’il le sait : ne rêvons pas, soyons réalistes, le 7 juin n’est pas le D-Day de l’écologie pas plus que juin 2004 n’a été le D-Day du socialisme.
L’écologie, sans la gauche, restera une belle idée sans réalité.
L’écologie et le social iront de pair dans une gauche unie ou ne seront pas.
La gauche sera unie ou ne sera pas, qui peut aujourd’hui en douter ?
C’est la raison pour laquelle, je veux dès demain –j’ai déjà pris des contacts hier et aujourd’hui-, engager des discussions avec tous ceux qui à gauche, sans exclusive, veulent porter un autre modèle de société pour la France, battre Sarkozy en 2012 et gouverner ensemble ensuite. Je vous en demande le mandat ce soir.
Et je le dis clairement, il ne s’agit pas de retomber à nouveau dans les accords d’appareils que nous concoctons habituellement à la veille des élections. Nous devons bâtir une Maison commune fondée sur :
- un projet commun ;
- et une stratégie de candidatures la plus efficace possible pour porter ces idées au pouvoir, partout où nous le pouvons.
Je le dis dès maintenant aux partis de gauche : nous voulons rentrer dans cette démarche sans préalable, sans a priori et sans volonté hégémonique. La réussite nécessite que chacun trouve sa place, que nous soyons capables d’être ouverts aux idées des autres et que nous fassions ce travail avec les Français.
C’est dans cette démarche d’ouverture aux Français de nos Partis pour préparer le projet, et de rassemblement à gauche, que doit être portée la réflexion sur les primaires pour le choix de notre candidat à à l’élection présidentielle de 2012. Ce sujet ne peut être traité à la légère comme un gadget pour masquer nos insuffisances. Il doit être réfléchi et pensé dans une démarche politique et collective.
J’ai la conviction profonde que seule cette démarche de rassemblement à gauche peut nous permettre le succès lors des régionales de 2010, des cantonales et sénatoriales de 2011, et les élections présidentielles de 2012.
La refondation la gauche chez nous, mais aussi au niveau mondial, en commençant par l’Europe. A l’échec de la sociale démocratie en Europe, doit répondre une ambition renouvelée du Parti Socialiste Européen.
Nos députés européens vont avoir à se prononcer dans les jours qui viennent sur différentes désignations importantes et notamment le Président du Parlement et le Président de la Commission européenne. J’irai voir demain Nicolas SARKOZY pour lui faire part en votre nom de nos positions sur le Conseil européen des 18 et 19 juin.
Je vous propose de refuser tout accord technique avec le PPE. Nous devons porter nos propres candidatures et assumer d’être clairement dans l’opposition. Nous apporterons par ailleurs tout notre soutien à Poul Rasmussen pour qu’il se succède à lui-même à la tête du PSE.
Par ailleurs, nous devons aussi renforcer notre présence au sein de la famille progressiste. L’arrivée d’OBAMA à la tête des Etats-Unis est une chance historique pour construire une force politique internationale à l’image de celle que constitue de plus en plus le PSE au niveau européen. Oui, nous devons aussi renforcer notre présence à l’international pour faire exister réellement une alliance du socialisme et des forces progressistes. Je vous propose de nommer Ségolène Royal comme représentante du Parti Socialiste à l’Internationale Socialiste. Nous devons à la fois nous alimenter de la pratique de nos Partis frères mais aussi porter notre propre message.
3) Troisième refondation nécessaire, celle de notre Parti.
Ne nous racontons pas d’histoires. Nous donnons l’impression et c’est parfois une réalité, de ne plus être heureux de vivre et travailler ensemble. De nous situer en concurrence et non en complémentarité.
L’unité, ce n’est pas penser tous pareil ; c’est avoir le courage de porter à l’interne les débats nécessaires puis de défendre collectivement nos positions.
Y compris pendant cette campagne difficile, les petites phrases assassines n’ont pas manqué. J’ai la conviction qu’elles ne servent ni celui qui les exprime – sauf peut être dans une satisfaction immédiate de communication – ni notre Parti.
Je souhaite ce soir et dans les jours qui viennent que le mode de gouvernance que nous allons mettre en place nous assure une solidarité totale et une réaction immédiate en cas de non respect de nos règles communes.
Nous n’avons pas le droit d’abimer ainsi notre Parti. Chacun doit se demander ce qu’il doit lui apporter et non pas ce que le Parti lui doit. Cet état d’esprit doit exister en permanence et notamment au moment du choix de nos candidats.
Le : « pourquoi pas moi ? » et non pas « qui est le meilleur pour faire gagner le Parti » se généralise.
Je vous appelle ce soir à des changements profonds de nos comportements mais aussi de nos règles internes.
Nous avons un secrétariat national, nous avons un bureau national. Ces instances doivent remplir pleinement leur rôle.
Chaque secrétaire national doit porter la réflexion, être réactif par rapport à l’actualité et en contact avec la société.
Maintenant que l’ensemble des sensibilités est représenté au Secrétariat National, le Bureau National doit redevenir l’instance du débat politique où nous forgeons notre réflexion et nos décisions communes. J’y veillerai absolument.
Face à l’ampleur de la tâche qui est devant nous, il nous faut à la fois serrer les coudes, amplifier le mouvement de refondation et être à la hauteur des attentes sur le projet.
C’est la raison pour laquelle il nous faut changer notre mode de gouvernance. Un Parti est un lieu de débat. Ces débats doivent avoir lieu en son sein et les positions prises défendues par tous.
Nous devons constituer une équipe collective resserrée qui travaillera avec l’ensemble des secrétaires nationaux et dont les membres accepteront d’être coresponsables des chantiers de la refondation et de les mener ensemble.
Dans le contexte actuel, il est hautement souhaitable que tous les talents politiques soient présents dans nos instances de gouvernance. J’ai rencontré beaucoup de camarades ces dernières heures. Je continuerai dans les jours qui viennent pour annoncer le plus tôt possible ce nouveau dispositif.
Mes camarades, il s’agit d’une nouvelle étape. Non pas d’un rassemblement factice ou d’une unité de façade. Il s’agit pour chacun de prendre la responsabilité de mettre sa force politique, son imagination, ses propositions au service de tous.
Nous devons enfin :
- inventer de nouvelles formes de militance. Cela est majeur si nous voulons nous ouvrir sur la société car aujourd’hui aucun projet, aucun programme ne peut être défini en vase clos.
- faire émerger la génération qui demain nous remplacera en veillant au respect des objectifs fondamentaux de diversité, de parité, d’égalité des chances pour faire un Parti qui ressemble à ceux qu’il veut représenter. Nous créerons, pour régénérer les cadres de notre Parti, une université permanente qui aura pour mission de détecter, former et préparer ses militants aux responsabilités dans notre Parti et leur accès aux mandats électifs. Nous devrons aussi réformer les modes de désignation de nos candidats et plus généralement moderniser nos statuts.
- nous devons utiliser les nouvelles technologies pour avoir un meilleur dialogue avec les militants comme avec les Français et ces nouveaux outils seront utiles à notre vie interne comme à notre démarche.
Je crois nécessaire aussi que les grandes figures de notre Parti soient de nouveau en capacité de dialoguer entre eux et de retrouver le goût du débat politique, la convivialité des échanges et pourquoi pas l’enthousiasme de faire renaître notre Parti. Je leur proposerai de nous réunir à intervalle régulier.
Avant de conclure, je vous propose d’inscrire notre feuille de route dans un calendrier que je vous soumets ce soir à grands traits.
- annonce de la nouvelle gouvernance dans les prochains jours,
- dans les jours qui viennent, engagement des discussions avec l’ensemble de la gauche,
- fin août, la Rochelle sera le premier élément du lancement de notre projet. Nous avons une université d’été conçue ouvert sur la société et les autres partis de gauche,
- dès le lendemain, lancement du tour de France du projet,
- avant la fin de l’année, les Assises, les Forums, Etats Généraux et les Conventions déjà envisagées sur la culture, l’éducation, la sécurité seront réunis et se tiendra la grande convention sur le nouveau modèle de développement social, économique et écologique. Nous avons six mois pour changer de cap.
S’agissant des élections régionales, nous devons commencer aujourd’hui, je réunirai très vite les Présidents de Région sortants pour réfléchir avec eux aux projets pour les régionales, au calendrier et à la meilleure façon d’ouvrir nos listes, de les renouveler et de les diversifier.
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Notre responsabilité est forte. Je pèse mes mots. Des décisions que nous allons prendre dans les heures qui viennent, de notre engagement collectif dans la voie que j’ai tracée ce soir dans les semaines et les mois qui suivront, dépendra notre réussite ou notre échec. Nous pouvons rebondir. Il ne tient qu’à nous de le vouloir. Nous pouvons à nouveau incarner l’espoir. Il ne tient qu’à nous de nous tourner à nouveau sur la société, de nous rassembler, de nous unir à gauche, de nous mobiliser, de nous rénover dans nos idées comme dans nos pratiques. Ma détermination est totale. Ma combativité aussi. Parce que vous êtes là. En allant vers les autres partis et en refondant nos idées sans changer nos valeurs nous serons digne de ce qu’attendent les Français.
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