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18 et 19 juin : Urbanisme et écologie à Hanovre

L’écologie sociale au cœur des priorités socialistes

vendredi 26 juin 2009 par B.TRANCHANT

Les élus de la FNESR et de la fondation Friedrich Ebert Stiftung ont débattu, les 18 et 19 juin derniers, à Hanovre, autour des questions d’urbanisme et d’écologie. Histoire d’amplifier les politiques visant à réduire les gaz à effet de serre, de maîtriser ressources et consommations, et de recourir à l’emploi d’énergies propres.


Kronsberg, éco-quartier de Hanovre. (© Photo privée, tous droits réservés).

Répondre aux besoins grandissants des usagers en matière d’habitat, d’emploi, de services sociaux et de transports, au profit d’une approche environnementale. Le défi est immense à l’heure où les élus s’efforcent, de part et d’autre du Rhin, de concilier exigences économiques et développement durable. Réunis à Hanovre à la mi-juin, les participants du deuxième forum franco-allemand de politique territoriale n’ont, à cet égard, pas manqué d’insister sur la nécessité de « bâtir une Europe de l’énergie, économe et durable » dans laquelle les collectivités auront toute leur place.

Exemplarité

Capitale du Land de Basse-Saxe, Hanovre est une ville exemplaire, à plus d’un titre. De Herbert Schmalstieg, maire de 1972 à 2006, à Stefan Weil, son successeur, ce bastion au riche passé industriel a déployé de multiples efforts en matière d’énergies propres. Dès 1996, la municipalité avait initié un programme pour la protection du climat. Treize ans plus tard, le dispositif appelé « Klima-Allianz Hannover 2020 » s’est fixé pour but de diminuer l’émission de CO2 de 40 %, à l’horizon 2020. « Pour atteindre cet objectif, nous lançons un appel aux particuliers, aux investisseurs et aux acheteurs, en leur demandant d’apporter leur contribution à la protection du climat, explique Stephan Weil. La ville elle-même s’engage à réaliser en construction passive les futurs jardins d’enfants et les écoles qui seront mises en chantier. Un programme de rénovation prévoit que les bâtiments communaux et les installations de chauffage seront rénovés en respectant des normes répondant aux exigences environnementales ».
Direction l’éco-quartier de Kronsberg (7 000 habitants), la plus grande réserve foncière de la ville, où tout a été conçu et imaginé dans l’esprit de l’Agenda 21. Un urbanisme de forte densité pour une faible emprise spatiale, des transports respectueux du cadre de vie, des espaces non bâtis de qualité et une certaine proximité de l’habitat et de l’emploi façonnent ce paysage alimenté par 1 350 mètres carrés de capteurs solaires et une centrale de cogénération. En 2006, près de 3 300 logements sortaient de terre, quand le plan définitif en prévoit 6 000, pour un total de 15 000 habitants. Trois crèches, une école primaire, un lycée, une maison de quartier, un centre ecclésiastique, un établissement médical et un complexe commercial doivent voir le jour prochainement. Tous construits selon des critères précis. Les maisons dites « passives », à très faible niveau de consommation, y foisonnent. « C’est une autre conception du développement durable, très éloignée du modèle français qui privilégie les zones denses pour favoriser ces types d’aménagement et de construction », estime François Dagnaud, adjoint au maire de Paris.

Option économique

Retour à Hanovre où les réseaux de transports occupent une place de choix, en recourant aux énergies propres. 13 % des usagers s’y déplacent à vélo, les autres se répartissant entre le métro, le tramway, le bus et la voiture. Sans oublier le covoiturage particulièrement en vogue ici, à en croire Kai Kaminski, responsable du département Planification et développement urbain. « Preuve que la notion de ville durable s’impose comme une urgence collective, assène Magali Vergnet-Covo, chef de projets publics en développement durable, à Paris. La croissance verte est un choix économique, un équilibre entre progrès social et empreinte écologique ».
De l’autre côté du Rhin, le lobby écologiste fait, depuis longtemps déjà, de la lutte contre le gaspillage un véritable leitmotiv. Ainsi, d’importants projets d’éco-cité ont abouti à Dusseldorf, Kronsberg ou Fribourg, qui ont joué un rôle-pilote en la matière. « Des solutions innovantes émergent de toutes parts, se félicite l’universitaire Jürgen Pietsch. On peut ainsi imaginer des quartiers intelligents, limitant la consommation d’énergie, favorisant l’implantation de forêts urbaines, comme à Hanovre, ou le recours à la biomasse ».

Marque de fabrique

En France, le Forum des territoires s’efforce, depuis sa création, fin 2008, de mutualiser les échanges sur ces problématiques. Son co-président, Jean-Louis Bianco, n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. L’usage des énergies durables figure, en effet, au cœur des priorités du Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence qu’il pilote. À coup de subventions versées aux particuliers qui ont recours à l’énergie solaire (1 200 €) et au bois (350 €). Et d’aides consenties aux communes qui agissent pour la réduction de la consommation publique. « Nous nous efforçons également d’encourager l’usage de produits locaux, à caractère biologique, et intervenons au plus près des associations qui agissent pour le maintien des cultures paysannes, poursuit l’élu. Enfin, nous multiplions les temps de rencontres pour sensibiliser particuliers et entreprises au recours des énergies propres ».
Cette vision de la gouvernance, fondée sur une approche sociale de l’écologie, doit constituer la « marque de fabrique de nos territoires », assène Christian Labie, conseiller municipal délégué à Bron. Ce, en dépit de la faiblesse des marges de manœuvre des collectivités qui payent au prix fort le désengagement de l’État. Philippe Bodard, maire de Mûr-Erigné et délégué FNESR en charge de l’Environnement et de l’énergie, fustige, pour sa part, le projet de loi de transition environnementale, dit Grenelle 2, « dont le caractère drastique interpelle ».

Retour gagnant

D’autres modèles restent à inventer, comme à Leipzig où une charte sur l’urbanisme intégré met désormais l’économie, l’écologie et le social sur un pied d’égalité. « En l’espace de quelques années, le paysage urbain s’est métamorphosé, au bénéfice des espaces verts, des plans d’eau et de la mixité sociale », constate Eike Seevers, du service de planification. « Les territoires les plus déshérités sont aussi les moins bien dotés en matière d’équipements de traitement des déchets », renchérit François Dagnaud, qui s’efforce, à la tête du SYCTOM de l’agglomération parisienne, de favoriser l’usage du tri sélectif, de la méthanisation et de l’incinération. Le changement est en marche, assure-t-il. Il doit servir de levier pour définir une plate-forme politique rénovée ». De son côté, Jérôme Coumet compte bien s’inspirer du modèle allemand pour accueillir, dans le treizième arrondissement, le premier éco-quartier de la capitale, dans le cadre d’une politique de rénovation des logements anciens.
« Le développement durable pose clairement le problème du financement, conclut Francis Chouat, Premier vice-président du Conseil général de l’Essonne. À l’heure où les coûts explosent, un effort considérable doit être engagé en faveur de la formation aux pratiques environnementales ». Il n’est que temps d’agir, d’autant que le retour sur investissement s’avèrera tôt ou tard payant pour la planète entière.

Bruno Tranchant


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