Les déséquilibres s’accentuent
mardi 13 janvier 2009 par B.TRANCHANT
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C’est l’histoire du verre à moitié plein. La lecture du rapport de l’Observatoire des territoires, publié ce mois-ci, fournit un regard contrasté et pour le moins singulier de la situation française. Si, au regard de nos voisins européens, nos régions connaissent un relatif dynamisme démographique, le déséquilibre ne cesse de s’accentuer au détriment du Nord et de l’Est. Confrontées à un environnement de plus en plus concurrentiel, ces collectivités doivent faire face à la délocalisation de nombreuses entreprises, parallèlement à une baisse du niveau de production, dont les principaux bénéficiaires sont le Sud et l’Ouest, d’une part, l’Île-de-France et l’Alsace, d’autre part.
Disparités
Sur le long terme, les régions les plus dynamiques se situent donc, pour l’essentiel, dans les Pays de la Loire, en Bretagne, Rhône-Alpes, Aquitaine, Midi-Pyrénées, Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA), Languedoc-Roussillon et Poitou-Charentes. Trois d’entre-elles figurent d’ailleurs dans le « Top 20 » européen grâce à une activité supérieure à la moyenne. Le niveau de PIB de l’Île-de-France en fait ainsi le premier élève de la classe, loin devant la Lombardie et le Grand Londres. Rhône-Alpes et PACA occupent respectivement les septième et quinzième rangs, tandis que le Nord-Pas-de-Calais arrive en vingt-quatrième position.
Globalement, les trois-quarts de la production nationale se concentrent sur dix régions qui engrangent la quasi-totalité des dépenses nationales en matière de recherche et développement. Autant dire que les écarts se creusent entre le dynamisme affiché des unes et le recul marqué des autres, même si, au final, elles se situent dans la moyenne des pays de l’OCDE. « Cela montre que les performances économiques du pays sont fortement dépendantes d’un petit nombre de régions », constatent les rapporteurs. Lesquels associent le dynamisme des pôles urbains à un taux de natalité particulièrement soutenu. À l’exception du Limousin et de l’Auvergne, les régions françaises « affichent les meilleurs soldes naturels européens, à des niveaux que seuls l’Irlande, les environs de Londres, le Nord de la Pologne ou un couloir allant du sud de la Bavière à la Vénétie atteignent ». Sans surprise, le territoire francilien occupe ici encore le leadership, devant Rhône-Alpes, le Nord-Pas-de-Calais et l’Alsace.
Recomposition
« La transformation des espaces périurbains et des bourgs ruraux, caractérisée à la fois par la croissance de la population et de l’emploi, conduit à une recomposition des territoires locaux établissant de nouveaux liens entre l’urbain et le rural », renchérissent les auteurs. À ce jeu, ce sont les zones périurbaines et touristiques qui emportent la donne, même si l’arrivée de nouveaux habitants s’y accompagne d’une hausse de l’emploi inférieure à celle des espaces urbains.
Reste que l’inactivité et le chômage se concentrent, pour l’heure, dans les bassins d’emploi du Nord, de la Picardie, de la Haute-Normandie, de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne, victimes du déclin industriel. Ces inégalités de revenus contribuent à leur manière à la précarisation des territoires. Tant et si bien que le Languedoc-Roussillon et la Corse doivent composer avec un taux particulièrement élevé de ménages à bas revenus.
Bruno Tranchant
Différences structurelles
Les rapporteurs en sont convaincus : l’ampleur des écarts entre territoires s’explique principalement par « les différences de structures productives et par la plus ou moins grande capacité des régions à utiliser les ressources disponibles ». Ainsi, l’Île-de-France, PACA, l’Alsace, Champagne-Ardenne, la Haute-Normandie et l’Aquitaine peuvent se prévaloir d’activités à forte valeur ajoutée qui tirent leur niveau de PIB par habitant vers le haut. « Le bon niveau de la région des Pays de la Loire résulte plutôt d’une bonne mobilisation de l’emploi, poursuivent-ils. La région Centre compense un positionnement sectoriel moins favorable par une mobilisation de l’emploi. À l’opposé, la région Languedoc-Roussillon ne parvient pas à compenser une situation défavorisée par le chômage et le nombre insuffisant d’emplois eu égard à la croissance de sa population alors que sa structure positive est proche de la moyenne nationale ».
B.T.
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