script de Martine Aubry au Journal de 20 heures sur TF1 le 26 janvier 2010.
script de Martine Aubry au Journal de 20 heures sur TF1 le 26 janvier 2010.
jeudi 28 janvier 2010
LAURENCE FERRARI
Notre invitée ce soir, c’est la première secrétaire du Parti socialiste. Martine AUBRY bonsoir.
MARTINE AUBRY
Bonsoir.
LAURENCE FERRARI
Merci d’avoir accepté notre invitation. Vous avez regardé le président de la République hier soir sur ce plateau et puis face aux Français. Alors est-ce que vous l’avez trouvé convaincant ?
MARTINE AUBRY
J’ai trouvé les Français convaincants. Ils ont été clairs, ils ont dit, moi ça ne va pas. Ils ont posé les problèmes dans le fond des Français, le chômage, le pouvoir d’achat, l’avenir de la santé, l’avenir des écoles, les retraites, la situation des petites et moyennes entreprises. Et face à cela je dois dire que j’ai trouvé le président de la République en grand décalage par rapport à ce que vivent les Français aujourd’hui et puis peut-être et surtout et c’est ça le plus inquiétant en panne, en panne de réponses, en panne de solutions, ne sachant même pas ou était, je crois, le cap pour la France demain. Et j’ai été étonnée, quand je l’ai vu répondre à une dame qui travaille dans un hypermarché et qui disait « je n’arrive pas à joindre les deux bouts », « faites des heures supplémentaires ». C’est surréaliste quand on sait que c’est le patron qui décide des heures supplémentaires et puis que ça fera un peu plus de chômeurs à côté. Pareil pour les banques avec ce patron de PME qui lui disait « je n’ai pas d’aides ». Il disait « je suis d’accord avec vous » mais que n’a-t-il pas pris des sanctions ou fait comme Barack OBAMA en taxant les banques maintenant qu’elles vont bien pour pouvoir retrouver l’argent que les Français lui ont donné.
LAURENCE FERRARI
C’est ce que vous auriez proposé si vous aviez été au pouvoir ?
MARTINE AUBRY
C’est ce que nous avons déjà proposé. Donc j’ai trouvé inquiétant alors que la France a tant d’atouts qu’il n’apporte pas de solutions.
LAURENCE FERRARI
Alors concernant la réforme des retraites, il s’est dit prêt à dialoguer avec vous pour réunir le consensus le plus large et juste avant ce journal le Parti socialiste s’est déclaré à l’unanimité pour le maintien de l’âge légal de la retraite à 60 ans. Est-ce que ce n’est pas une façon de recadrer vos propos puisque vous aviez évoqué un départ à la retraite à 61 ou 62 ans ?
MARTINE AUBRY
Il faut distinguer l’âge de départ légal, c’est-à-dire que nous, nous pensons que chaque Français doit continuer à avoir le droit de partir à 60 ans. C’est le cas aujourd’hui. D’ailleurs quand ils sont au RMI, en indemnisation chômage, on leur dit il faut partir à 60 ans. Ca doit rester un droit mais la réalité aujourd’hui et chacun le comprend, c’est que beaucoup de Français partent à 61, 62 ans. C’est ce que j’avais dit parce que 61,6 aujourd’hui la moyenne. Et que d’autres doivent devoir, c’est ce que nous proposons, partir plus tôt notamment quand ils ont commencé à travailler à 17/18 ans. Aujourd’hui ils sont obligés d’attendre 60 ans. Mais l’essentiel il n’est pas là. C’est ce que j’avais dit l’autre jour. Nous, nous voulons défendre la retraite par répartition, c’est-à-dire cette solidarité entre les générations. Alors certains voudraient dire aux Français, débrouillez-vous, placez de l’argent pour quand vous serez en retraite. Et puis nous n’acceptons pas ces petites retraites. Vous le savez, aujourd’hui c’est ce que nous disent toutes les personnes âgées, un million d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté. Il y a une baisse des retraites de 20% depuis la réforme BALLADUR, 25% encore si ça continue. Voilà, c’est les éléments essentiels. Et pour cela il faut des recettes complémentaires, taxer les revenus financiers, taxer les bonus et les stock options comme l’avait dit d’ailleurs Philippe SEGUIN et puis bien sûr donner des avantages à ceux qui ont travaillé tôt, à ceux qui ont eu des emplois pénibles. C’est ça une réforme juste.
LAURENCE FERRARI
Ce sont les conditions que vous posez à un éventuel dialogue avec le chef de l’Etat et les partenaires sociaux ?
MARTINE AUBRY
D’abord c’est aux organisations syndicales d’être les premières à parler avec le chef de l’Etat et ce que nous disons, c’est qu’il faut mettre ces éléments-là sur la table. Aujourd’hui c’est le niveau des retraites, c’est la retraite par répartition, c’est aller chercher des recettes là où elles sont et puis c’est traiter le problème quand même de l’emploi des seniors. Vous savez aujourd’hui il y a 35% seulement des Français de plus de 55 ans qui travaillent. Et on voudrait leur dire, travaillez beaucoup plus longtemps. Donc nous, nous disons au président de la République relancez notre pays, la croissance, l’emploi et là on pourra parler de la réforme des retraites. Il y aura plus de cotisations et peut-être aussi plus de salariés âgés qui pourront travailler et cotiser pour leur retraite.
LAURENCE FERRARI
Donc pour l’instant le Parti socialiste dit non, on ne dialoguera pas avec le chef de l’Etat ?
MARTINE AUBRY
Non pas du tout. Nous disons c’est d’abord aux organisations syndicales d’être prioritaires dans cette discussion et nous sommes prêts à venir dans une discussion. Vous savez nous sommes des gens responsables. C’est un problème qui est devant nous, qui ne doit pas masquer les problèmes actuels, le pouvoir d’achat, l’emploi, sur lesquels le gouvernement n’agit pas. Mais nous serons là à notre place pour faire des propositions. Et j’espère que cette fois-ci, nous serons un peu plus entendus que pour le plan de relance ou pour la taxe carbone ou pour la réforme territoriale.
LAURENCE FERRARI
Concernant les un million de chômeurs en fin de droits en 2010, qu’est-ce que le Parti socialiste propose ?
MARTINE AUBRY
Alors là justement c’est vraiment le problème du chômage, de la croissance et du pouvoir d’achat. Tous les experts nous disent, contrairement à ce qu’a dit le président hier, que nous risquons d’avoir 300 000 chômeurs de plus cette année. Il nous a dit, ça va s’arranger là tout de suite.
LAURENCE FERRARI
Laurent WAUQUIEZ le dit aussi, le taux de chômage va s’améliorer au mois de décembre.
MARTINE AUBRY
Oui au mois de décembre sans doute, mais dans les mois qui viennent je ne crois pas que ce sera le cas. En tous cas, même son gouvernement ne dit pas cela. Là le président a été assez étonnant parce que je veux dire, moi je vois tous les jours des salariés qui attendent leur licenciement, je vois les salariés de TOTAL qui ne savent pas si leur raffinerie à Dunkerque va être fermée alors que TOTAL a fait huit milliards de bénéfices. C’est ça la réalité aujourd’hui de la France. Donc nous, nous disons il faut d’abord relancer la consommation qui là en décembre a été un peu meilleure parce qu’il y a eu les ventes automobiles.
LAURENCE FERRARI
Mais pour ces personnes, ce million de personnes chômeurs en fin de droits, qu’est-ce que vous proposez ?
MARTINE AUBRY
Nous devons relancer le pouvoir d’achat. Relancer le pouvoir d’achat c’est quoi ? C’est d’abord le Smic qui aurait du être augmenté. Et nous, nous proposions de donner 200 euros aux 16 millions de familles en remboursement de TVA. Et puis dans une période exceptionnelle, de prendre deux mesures. De ne pas permettre à ce million de personnes de perdre tous leurs droits, ça va être le cas en 2010, donc de repousser l’indemnisation du chômage. Il y a une crise exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles. On en a pris pour les banques et on n’en prendrait pas pour les chômeurs ? Nous propositions aussi de ne pas supprimer les allocations familiales lorsque les enfants atteignent un certain âge pendant cette période exceptionnelle. Ca a l’avantage aussi de relancer la consommation alors que tout le monde nous dit que si on ne fait pas cela, on a un risque à nouveau de retomber avec l’inflation qui arrive, la hausse des taxes, cette consommation qui s’abaisse et d’avoir une hausse du chômage. Voilà ce que nous ferions.
LAURENCE FERRARI
La consommation monte pour l’instant .
MARTINE AUBRY
Oui essentiellement à cause de, comme je vous l’ai dit, à cause de l’automobile et puis c’était le mois de décembre, il y avait Noël. Mais là avec l’augmentation des taxes, le gaz, les mutuelles à la rentrée, la redevance télévision, pour ne prendre que cela.
LAURENCE FERRARI
Ça ne concerne pas TF1.
MARTINE AUBRY
Non, bien évidemment. Les Français aujourd’hui ils risquent à nouveau d’avoir des grandes difficultés. On l’a vu tout à l’heure, c’est dans ma ville, je vois des gens tous les jours qui me disent on arrête le chauffage, on ne peut pas payer. Est-ce que c’est digne d’un pays où les banques aujourd’hui font des milliards de bénéfices et on ne les taxe pas comme le font les Anglais ou Barack OBAMA ?
LAURENCE FERRARI
Vous allez aider ces habitants de Lille qu’on a vus dans le reportage ?
MARTINE AUBRY
Mais bien sûr. Mais d’ailleurs nous avons déjà des aides mais je suis ravie que Jean-Louis BORLOO ait appliqué aujourd’hui une des propositions du Grenelle de l’environnement, déjà des aides pour ceux qui effectivement mettent des mécanismes qui permettent de réduire l’énergie tout simplement, la consommation de l’énergie.
LAURENCE FERRARI
Nous sommes à quelques semaines des élections régionales. La gauche détient 20 régions sur 22. Est-ce que vous pensez pouvoir réaliser le grand chelem ? Est-ce que c’est d’ailleurs une bonne idée de parler de grand chelem de la gauche ?
MARTINE AUBRY
Moi je n’ai pas parlé de grand chelem, j’ai simplement dit nous pouvons gagner toutes les régions. Je n’ai pas dit nous allons les gagner, j’ai dit nous pouvons. Pourquoi ? Parce que je crois tout simplement que les Français en ont besoin. Les régions, les Français le savent, ont fait du bon travail. On a des équipes sérieuses, compétentes, elles ont aidé notre pays à combattre la crise. Vous savez, les régions elles ne prélèvent que 2% des impôts des Français. Elles ont fait la moitié du plan de relance du gouvernement, neuf milliards contre vingt. Et puis elles modernisent notre pays, les transports collectifs, les logements. Elles travaillent sur l’éducation de nos enfants et là nous allons prendre des mesures complémentaires. Elles préparent le développement durable. Alors je crois oui que les Français ont besoin de régions qui les protègent, qui améliorent leurs conditions de vie et qui préparent l’avenir. Et ça ce sont les régions de gauche. Voilà, donc je crois que nous pouvons effectivement…
LAURENCE FERRARI Vous comptez pouvoir garder ces 20 régions ? Il n’y a rien qui vous inquiète ?
MARTINE AUBRY
Je pense en effet que c’est possible parce que les Français aujourd’hui nous font confiance. Ils savent ce qu’ont fait nos régions, ils savent les projets qui sont les nôtres notamment pour aider les jeunes avec, je ne donne que cet exemple, un moyen d’avoir une autonomie plus grande. Par exemple de payer une partie de leurs études, une partie de leur loyer, un permis de conduire. Ce sont des choses simples mais aujourd’hui les Français en ont besoin quand tant d’enfants n’arrivent pas à faire des études faute d’argent.
LAURENCE FERRARI
Vous serez très impliquée dans cette campagne des régionales j’imagine.
MARTINE AUBRY
Bien sûr.
LAURENCE FERRARI
Votre cote de popularité est en pleine hausse, est-ce que cela vous donne des ailes pour les échéances à venir ? Pas seulement les régionales.
MARTINE AUBRY
Moi ça me donne des ailes d’abord pour que nous gagnions les régionales parce que les Français en ont besoin et puis pour le reste, pour porter un projet, les Français voient bien que tout ça aujourd’hui n’a pas de sens. On ne peut pas continuer à laisser les banques faire des profits, les grandes entreprises alors que les sous traitants ne vont pas bien, autant d’inégalités qui s’accroissent. Les Français l’ont dit hier, sur l’avenir de l’école, l’avenir des hôpitaux. Oui les services publics doivent bouger mais ils doivent rester, ils doivent être confortés, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Donc ça me donne des ailes pour préparer un autre projet qui redonnera l’espoir aux Français. Ils sont énergiques les Français. Vous les avez vus hier, ils avaient pleins de projets et en même temps ils étaient quand même déçus de voir la réponse du président. Voilà, donc moi ça me donne des ailes pour que nous préparions avec toute la gauche un autre projet de société, quand même plus doux, moins inégalitaire et puis aussi plus efficace.
LAURENCE FERRARI
Et que vous pourriez incarner ?
MARTINE AUBRY
Nous verrons, ce n’est pas le moment de poser cette question. Il faut donner du temps au temps.
LAURENCE FERRARI
A quel moment est-ce que vous déciderez si oui ou non vous êtes candidate ?
MARTINE AUBRY
Au moment tout simplement où nous lancerons les primaires parce que vous savez que nous avons cet acte de confiance vis-à-vis des Français. Il faut que vous nous aidiez à choisir notre candidat.
LAURENCE FERRARI
Et ce sera quand ça ?
MARTINE AUBRY
Ce sera, je dirai, dans la deuxième partie de 2011, on n’a pas encore décidé, entre mai et la fin de l’année. Et à ce moment-là, chacun devra se poser la question qui est le ou la mieux placé pour rapporter l’espoir aux Français. On verra à ce moment-là.
LAURENCE FERRARI
Et pourquoi pas Martine AUBRY, merci beaucoup en tous cas d’être venue ce soir sur le plateau de TF1.
MARTINE AUBRY
Merci à vous.
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