ps chevilly larue
Manifestation du 19 mars 2009

De l’autisme à la provocation

vendredi 20 mars 2009

Empêtrée dans ses turpitudes, la droite ne veut rien lâcher. Face à l’aggravation des déficits, sur fond d’accumulation des injustices et des inégalités, le chef de l’État et son Premier ministre se montrent inflexibles.

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À quel jeu le gouvernement et l’UMP jouent-ils donc ? La dernière grande journée de protestation du 19 mars n’a débouché sur rien. Le chef de l’État estime en effet avoir lâché suffisamment de leste après les manifestations du 29 janvier. Cette fois-ci, pas question de céder d’un pouce. Aucune mesure sociale n’est à l’ordre du jour, aucune inflexion politique ! À défaut d’écouter les Français qui ne savent plus au juste à quel saint se vouer, Sarkozy refuse de céder le moindre centime d’euro pour venir en aide aux principales victimes de la crise. Tant et si bien qu’un sentiment d’injustice dominait au lendemain de la journée du 19 mars. « Pas d’ordre sans justice », a aussitôt prévenu Martine Aubry.
Pathétique, l’intervention de François Fillon au soir d’une journée record - plus de 3 millions de manifestants sur l’ensemble du territoire - n’a débouché sur aucune autre annonce que celles déjà faites par Nicolas Sarkozy, le 18 février, à l’Élysée. Seul mot d’ordre à l’adresse de ses ministres : faire de la pédagogie autour des mesures engagées.

Surdité

Au diable les salariés ! Et heureux présage pour les hauts dirigeants de notre économie, drapés dans leur bonne conscience et leurs parachutes dorés ! Pendant ce temps-là, l’injustice des mesures engagées par le chef de l’État et ses sbires enfonce peu à peu la France dans le marasme. « Gagner des clopinettes nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage », pouvait-on lire sur une banderole du cortège. Qu’importe ! Malgré une mobilisation beaucoup plus forte qu’en janvier, Fillon n’est pas disposé à initier un nouveau plan de relance. Pas plus qu’il n’est décidé à augmenter le salaire minimum ou à supprimer le très indigeste bouclier fiscal qui a valu à 834 contribuables de se remplir les poches, en percevant un chèque moyen de 368 000 €, l’équivalent de trente années de SMIC !
Cette fois-ci, l’État ne lâchera rien, se gardant bien de prendre la moindre mesure contre les revenus disproportionnés des patrons… «  Il faut qu’une partie du patronat, qui n’a pas l’air de comprendre la gravité de la crise et le sentiment d’injustice (…) cesse de se servir des salaires astronomiques », s’est contenté de dire le Premier ministre, au soir des manifs. Et pour ceux qui pourraient encore en douter, «  ce ne sont pas des défilés qui permettront de sortir de la crise ». À croire que nous ne sommes plus dans un pays qui prend en compte la réalité de la rue. Et que le champion des droits de l’homme et des libertés ne fait en réalité que discréditer l’Hexagone. Pendant ce temps-là, la France s’enfonce dans une crise profonde et durable, affirme l’Insee.

Indécence

Cette inflexibilité frise l’indécence. Seul mot d’ordre : attendre que le plan de relance de 26 milliards d’euros, lancé en décembre, produise ses effets. Nul doute, dans ces conditions, que la radicalisation des conflits sociaux, qui se multiplient avec l’annonce des plans de licenciement et les défaillances d’entreprises, ne peut que renforcer l’idée largement partagée par nos concitoyens selon laquelle les mesures prises depuis que le début de la crise n’ont servi qu’à préserver les intérêts des banques et les bénéfices de Total.
Pour l’heure, pas question de bouger. Le gouvernement exclut de mettre la main à la poche pour lancer de nouvelles dispositions favorables aux salariés. « Nous entendons le message qui est un message d’inquiétude car nous ne sommes ni sourds ni aveugles. Mais ce ne sont pas simplement des défilés ou des manifestations qui permettront de sortir de la crise », prévient le très fumeux ministre du Travail, Brice Hortefeux.
Discours pathétique, en vérité, qui suffit à mesurer le creusement du fossé social entre des syndicats qui attendent plus que les 2,6 milliards d’euros débloqués lors du sommet du 18 février, et un gouvernement qui estime en avoir fait assez.
Soutenu par une majorité parlementaire décontenancée (cf. ci-dessous), le Premier ministre et ses proches se livrent à un jeu dangereux, prenant le risque d’enfoncer un peu plus encore le pays dans la crise, quelques semaines seulement avant un 1er mai qui promet d’être agité. Pas sûr qu’il y trouve son compte. La surdité n’est pas bonne conseillère.

Bruno Tranchant



Le coup du bouclier fiscal

Faire un geste ou pas ? La question a agité l’Assemblée, l’espace de quelques jours. Particulièrement dans les rangs de l’UMP où plusieurs voix se sont élevées pour demander un assouplissement d’un dispositif que le chef de l’État entend maintenir coûte que coûte. Mesure phare de la loi TEPA, adoptée dans la foulée de son élection, il préserve 50 % des revenus des plus riches du moindre prélèvement fiscal. Villepin précisait même récemment que 61 % des bénéficiaires du fameux bouclier échappent à l’impôt sur le revenu dès lors qu’on retire la CSG et la CRDS de la somme à déclarer.
Dans les rangs de l’UMP, on estime que le versement en pleine crise économique de 458 millions d’euros à quelque 14 000 contribuables, dont un tiers comptent parmi les plus aisés, nourrit le sentiment d’iniquité dans l’opinion. Ce dont Sarkozy se fiche comme d’une guigne ! Du coup, sa majorité parlementaire a repoussé tout aménagement au bouclier fiscal, en rejetant coup sur coup quatre amendements en ce sens lors de l’examen du collectif budgétaire. Ce qui a valu à Pierre Méhaignerie, auteur d’un texte visant à mettre en place une contribution sur les plus hauts revenus, de ravaler sa salive. Coup d’éclat ou mise en scène ? Cette nouvelle manœuvre politicienne ressemble, à s’y méprendre, à un véritable jeu de rôle téléguidé par l’Élysée.

B.T.


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