Anthologies jaurésiennes
mardi 29 septembre 2009 par B.TRANCHANT
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Une anthologie générale… Jean-Pierre Rioux qui fut secrétaire de la Société des Études Jaurésiennes à la fin des années 1970 a mis à profit sa connaissance intime du sujet, son sens du style et de la pédagogie pour composer ce gros volume des plus utiles pour le néophyte comme pour l’universitaire. On y trouve les grands classiques attendus (« comme la nuée porte l’orage », « vous avez interrompu la vieille chanson », le discours à la jeunesse, les grandes controverses avec Guesde et Lafargue, etc.) et des textes moins cités, plus étonnants ou mis à jour par la recherche ou des débats actuels (La question religieuse et le socialisme, Les misères du patronat, Contre la peine immonde, Les suffragettes…).
Gilles Candar
Jean Jaurès, Laïcité et République sociale, textes choisis et présentés par Gilles Candar, introduction d’Antoine Casanova, avant-propos de Patrick Le Hyaric, Paris, Le Cherche Midi, 2005, 238 p., 15 euros.
Jean Jaurès, De l’éducation, anthologie, édition établie par Madeleine Rebérioux, Guy Dreux, Christian Laval, Catherine Moulin et Gilles Candar, Syllepse / Nouveaux Regards, 2005, 308 p., 20 euros.
Jean Jaurès, Pour la Laïque et autres textes, présentation de Laurence Loeffel, avant-propos de Vincent Peillon, Latresne, Le Bord de l’eau, 2006, « Bibliothèque républicaine », 128 p., 15 euros.
La première anthologie est parue avec le soutien de L’Humanité. Le directeur de La Pensée, Antoine Casanova, fait le point sur une laïcité fondée sur l’égalité des droits dont les bases ont été apportées par Jaurès. Les interventions laïques de Jaurès sur l’enseignement et la loi de séparation des Églises et de l’État (1905) sont replacées dans le cadre plus large de ses conceptions d’un socialisme démocratique, ou plutôt de l’œuvre de civilisation et d’humanité qu’il appelle de ses vœux, d’où le recours à de grands textes méconnus : ses articles féministes, le Bilan du XIXe siècle qui clôt l’Histoire socialiste de la France contemporaine et sa conférence de Buenos Aires, Civilisation et socialisme.
La seconde a bénéficié de l’appui de l’Institut de recherches de la FSU. Elle s’intéresse à Jaurès et l’enseignement : sa pratique, ses interventions pour l’école laïque et publique, ses prises de position en matière de pédagogie et d’enseignement pour le peuple, pour l’université et les grandes écoles, son soutien au syndicalisme enseignant… De grands discours à la Chambre, et aussi des textes essentiels, très connus ou beaucoup moins, de La Dépêche et de la Revue de l’enseignement primaire et primaire supérieur… En postface, par Guy Dreux et Christian Laval, une réflexion approfondie sur les missions sociales et culturelles de l’école d’aujourd’hui inspirée des analyses jaurésiennes.
Le troisième livre est publié dans la collection essentielle pour les références de la gauche d’aujourd’hui que dirige Vincent Peillon. Elle est davantage axée sur les grands combats en faveur de l’enseignement laïque de 1908-1910, avec le grand discours, Pour la Laïque, de 1910 (repris aussi dans les deux autres anthologies !) et des articles décisifs de la Revue de l’enseignement primaire et primaire supérieur sur les manuels et la « neutralité » scolaire.
Gilles Candar
Les Œuvres de Jean Jaurès
Vaste chantier, que celui des Œuvres de Jean Jaurès, publiées par les Editions Fayard depuis 2001, placé sous la responsabilité de Gilles Candar.
Deux volumes parus en 2000, deux en 2001, un cette année, et l’aventure va continuer, pour atteindre peu à peu les 17 prévus à l’origine. Ces livres sont thématiques : l’affaire Dreyfus, « Philosopher à trente ans », critique littéraire et critique d’art. Suivront : « Le passage au socialisme », « Voici le XXe siècle ! », « Le rayonnement et la lutte contre la guerre », etc. A chaque fois, l’édition est confiée aux meilleurs spécialistes (historiens, philosophes, critiques littéraires) qui sélectionnent les textes, et assurent l’appareil critique, présentation et notes.
Il ne s’agit pas d’œuvres complètes, impossibles à mener à bien, tant Jaurès a écrit, a parlé, a propagandé. Et pourtant l’ensemble est déjà considérable : pour se limiter au dernier volume (« Les années de jeunesse »), il représente plus de 650 pages, nous y reviendrons dans un prochain numéro de l’hebdo. Au sein de chaque volume thématique, la chronologie est respectée, qui nous permet de suivre au mieux l’évolution de Jaurès, les thèmes qui s’imposent à lui, les contacts qu’il noue.
Une démarche ambitieuse, donc, d’une ampleur jamais égalée, qui ne vise pas qu’un public de spécialistes, celui des chercheurs, mais aussi les citoyens curieux de se cultiver, d’apprendre, de découvrir le fleuve Jaurès, qui reste notre contemporain.
Denis Lefebvre
fr Histoire Histoire SPÉCIAL JAURÈS ?